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21 février 2021 7 21 /02 /février /2021 09:31

C'était une suite inévitable, compte tenu de l'imposant succès d'Un éléphant, ça trompe énormément. Mais le bon goût de Dabadie scénariste et de Robert réalisateur a permis que cette redite soit non seulement bien menée mais plus encore: c'est un film assez différent du premier...

Un éléphant, ça trompe énormément est centré sur Etienne (Jean Rochefort) mais cette fois les trois copains (Claude Brasseur, Victor Lanoux et Guy Bedos) sont autant mis en valeur, dans une comédie de moeurs qui va au-delà de la simple évocation du démon de midi... Et malgré ça la chronique ne dégénère pas en une série de vignettes, car les personnages eux-mêmes, mais aussi leurs liens, sont suffisamment forts pour fédérer l'intérêt. Robert (et Danièle Delorme) qui avait eu des scrupules à donner une suite au Grand blond (suite qui lui est clairement inférieure, du reste) n'a eu aucun mal à produire ici une suite non seulement d'intérêt égal, mais aussi un film finalement assez différent...

L'amitié est le prétexte qui pousse les quatre amis à se rendre co-propriétaires d'une petite maison de banlieue, qui s'avèrera inexplicablement bon marché jusqu'au jour où ils découvrent, à la faveur de la reprise des activités d'un aéroport après une longue grève, que leur petit paradis est invivable quand les avions passent au dessus toutes les trente secondes... Bouly (Lanoux) gère tant bien que mal une situation d'amour libre pendant qu'il tente d'accepter son divorce; Simon (Bedos) de débat entre ses amis, ses amours et ses emm... aurait dit Aznavour, ou plutôt son insupportable mère étouffante (Marthe Villalonga); Daniel (Brasseur) se cherche, entre ses conquêtes masculines, et un amour inattendu pour une patronne qui a quinze ans de plus que lui (Lanoux: elle a des heures de vol): et pourtant, comme quand il s'agissait de montrer Daniel assumant son homosexualité dans le film précédent, le traitement de cette anecdote est d'une grande délicatesse; avant la fin du film, il y aura une mémorable engueulade entre les quatre, un mariage qui ne se fera pas, et un décès.

Bref, on n'est pas épargné par ce qui fait la vie, et les aventures d'Etienne continuent à se dérouler autour de ses déboires conjugaux, donnant d'ailleurs naissance à l'aspect le plus critiquable du film, une sorte de parodie récurrente des aventures de l'inspecteur Clouseau de Peter Sellers et Blake Edwards, dont Rochefort adopte l'imper et le feutre... Car Etienne est tout à coup confronté au soupçon sur la vie de Marthe, son épouse (Danièle Delorme)... et en menant son enquête, il va envoyer à cette dernière des signaux qu'elle interprétera de travers. Etienne est également le narrateur du film, avec une tendance à embellir le récit, qui contraste avec l'aspect souvent désastreux de ses initiatives. Mais comme il le dit lui-même, "Vous qui pénétrez dans mon coeur, ne faites pas attention au désordre..."

Mais ce n'est pas cette intrigue boulevardière qui fait le sel du film, loin de là: ici, c'est le tissu d'amitié et de vie tangible de réalité et de petits riens, de voitures estampillées 70s (des R16, cette fois) et de jeans larges, qui tissent un instantané formidable de ce qu'est la vie des gens. Le film est de ceux après lequel courent les auteurs de comédie du quotidien, ou de films qui sombrent plus ou moins dans le drame, que ce soit les Bronzés, ou Les Petits mouchoirs, on ne compte pas les films qui doivent tout à ce diptyque de Dabadie et Robert. Aucun ne les égale, bien sûr. 

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Yves Robert