/image%2F0994617%2F20210224%2Fob_146362_the-scar-of-shame.jpg)
On appelait ce genre de films les race movies, des oeuvres entièrement interprétées par des acteurs Afro-Américains, pour être projetées devant des public intégralement noirs... La plupart de ces films ont une médiocre réputation, et beaucoup ont été faits sur un budget ridicule, et ça se voit.
Pas avec celui-ci: c'est même une exception en son genre... Le film a bénéficié d'un soin aussi bien dans la direction d'acteurs, les éclairages et le montage, qui en font un pur produit de son temps, soit la fin du muet, au moment où les dernières grandes leçons du cinéma Européen finissaient par intégrer la façon de faire de la plupart des studios. Par contre si The scar of shame est un film soigné dans sa réalisation, il reste un mélodrame assorti d'une solide leçon de morale, répétée par plusieurs personnages-clé...
Dans une pension de famille respectable, deux hommes cohabitent: un est corrompu, l'autre pas. Ils vont graviter autour de la même femme, une enfant élevée par un beau-père violent et alcoolique. L'un va essayer d'en faire une prostituée, l'autre une respectable musicienne... Mais les dés sont pipés, car la jeune femme n'a pas eu la chance de naître dans une famille qui lui aurait donné non seulement l'envie mais aussi les moyens d'assumer ses ambitions de bonne morale...
Divisé en trois actes, le film a un scénario qui aurait pu être celui d'un film Griffith de 1911! On y sent les tendances habituelles de ces films qui projettent (consciemment ou non, il ne m'appartient pas de le savoir) les préjugés de la société à travers ces personnages noirs, donc le plus corrompu de tous les personnages est privé de maquillage blafard, et les stéréotypes culturels abondent, dans une volonté d'édifier parfois gênante. Pourtant, on a ici accès à un tissu social qui était représenté aussi chez Oscar Micheaux, et qui était presque une société parallèle, avec ses propres règles de vie dans un environnement qui leur était systématiquement hostile... Cette réalité est diffuse en l'absence des blancs, qui sont totalement exclus de ces films, mais elle est bien là.
/image%2F0994617%2F20210224%2Fob_f9f889_the-scar-of-shame-louise-tries-to-sedu.png)