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13 mars 2021 6 13 /03 /mars /2021 18:16

Veuve du roi de France François II, la Catholique Mary Stuart (Saoirse Ronan) retourne sur son trône en Ecosse, mais elle va devoir composer avec, puis se battre, avec la majorité protestante... Par ailleurs elle entame un bras de fer à distance avec sa cousine Elizabeth (Margot Robbie), qui l'estime mais ne souhaite pas lui laisser la couronne d'Angleterre, alors que Mary est justement la prochaine héritière du trône après elle...

Le film s'ancre à la fois sur une chronologie historique, et sur un moment précis: la condamnation à mort et la décapitation de Mary, par laquelle Josie Rourke a choisi de commencer le film. Entre les couleurs dé-saturées des scènes extérieures Ecossaises (seule la rousse chevelure impertinente de Saoirse Ronan se détache), et de formidables clair-obscurs inspirés des maîtres flamands pour les scènes d'intérieur, la réalisatrice nous donne à voir un film d'une incroyable beauté plastique, et possédant une certaine rigueur dans son réalisme. Elle a choisi de confronter les deux femmes et de les rapprocher dans leur lutte pour le pouvoir personnel et sans partage, face à des hommes qui tous, à un moment ou un autre, peuvent les trahir... Il en ressort un film hautement féministe qui est concentré autour du corps de l'une (Saoirse Ronan, qui incarne la reine écossaise à la grande beauté) et de l'autre (Margot Robbie, enlaidie par un maquillage qui donne, disons, du poids à son nez, et par des artifices qui nous rappellent que la variole n'a pas été tendre avec la reine absolue...), comme en" deux poids deux mesures" de la condition féminine. L'une tente d'arriver au pouvoir par les voies de la maternité et du mariage, l'autre s'interdit au contraire toute tentation matrimoniale et par là-même d'enfanter... L'une mourra, l'autre règnera 45 ans.

Le problème du film est d'avoir concentré une masse d'événements en moins de deux heures, qui auraient sans doute pu être plus explicites sur quatre heures. Mais ces quatre heures auraient-elles été intéressantes? Question qui restera sans réponse. En l'état, le film ressemble, surtout dans sa première demi-heure, à une bande-annonce de deux heures! Reste des actrices formidables, et une confrontation rêvée (on ne pense pas qu'historiquement les deux cousines se soient jamais croisées): dans le film, elles se fixent un rendez-vous de négociation secret, où éclate la différence physique, donnant presque l'impression que ces deux femmes, deux rousses flamboyantes et cousines de surcroît, sont les deux versions d'un Dorian Gray au féminin... Mary, étincelante dans sa jeunesse préservée, et Elizabeth, le visage blafard sous les trois kilos de maquillage, et sa calvitie précoce dissimulée sous une perruque... 

Le film est un rendez-vous manqué, mais il possède malgré tout ses beaux moments... Et c'est, derrière les entrevues éminemment politiques donc bavardes, de fort belles images.

 

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Published by François Massarelli - dans Saoirse Ronan