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29 mars 2021 1 29 /03 /mars /2021 18:06

1939: à Londres, la gouvernante Miss Pettigrew (Frances McDormand) se fait virer... encore. C'est que la dame, une vieille fille comme on dit qui estime avoir perdu sa seule chance de bonheur dans une tranchée de la première guerre mondiale, a bien du mal à coïncider avec son époque. Fille de pasteur, rigoriste mais humaine, inventive mais coincée, elle est lessivée: le bureau de placement refuse de prendre le risque de l'envoyer sur une nouvelle mission. Et comme elle a faim, elle décide de sauter le pas et d'y aller au culot: elle se présente à une adresse dont elle sait qu'on y demande du personnel, et va vivre une journée entière qui changera sa vie. Elle va devenir la secrétaire sociale d'une comédienne écervelée mais ambitieuse, une Américaine de passage, qui va littéralement d'un lit à l'autre, et qui utilise un peu trop ce système pour sa carrière. Miss Pettigrew va devenir, malgré elle (et toujours sans manger), la plus importante rencontre de la vie de Delysia Lafosse (Amy Adams), qu'elle va aider à prendre la bonne décision (le louche Nick, le pianiste romantique Michael, ou le volage post-ado Phil?), et elle va même rencontrer l'homme de sa vie...

A l'origine, un roman de Winifred Watson, écrit à la fin des années 30, et qui était plutôt du genre coquin pour l'époque... L'auteur n'a d'ailleurs pas tardé à vendre les droits à Universal, qui s'apprêtait à en faire un film qui allait relancer la carrière de Billie Burke. Le film ne s'est pas fait, pour cause de guerre... Des années plus tard, alors que la valeur friponne du film s'est considérablement émoussée, un studio (Focus) a eu la bonne idée de relancer la chose, avec la superbe idée de casting qu'un tel projet ne peut que requérir: Frances McDormand. Et franchement on ne pouvait pas faire mieux: certes, son accent Anglais est quelquefois un peu léger, mais cette hésitation vocale sied parfaitement au genre fille de pasteur Presbytérien que le rôle nécessite! Et avec Amy Adams en parfaite complémentarité (elle est très drôle à force d'être irritante, ou irritante mais irrésistiblement drôle, c'est selon), et un casting à l'avenant, plus le fait que tout ceci se passe en une journée, dans le monde que Guinevere Pettigrew ignore en temps normal, on se retrouve face à un genre de conte de fées...

Et si il est difficile aujourd'hui de choquer avec ce que propose le film (Guinevere y rencontre des gens qui couchent assez allégrement, et même un homme tout nu qui lui fait remarquer qu'il est en 3D), le décalage entre Guinevere, fille aux moeurs totalement rigides, mais à l'adaptabilité renforcée parce qu'elle a faim, et les autres personnages (un couturier fatigué de la vanité qui l'entoure, un patron de boîte de nuit probablement mouillé dans des trucs louches, des acteurs, producteurs et autres, etc) fait merveille. Et nécessité faisant loi, Guinevere s'adapte et s'improvise féministe de choc! Tout ceci dans le plus pur respect de la comédie des années 30, sur un ton, et des costumes (ou absence de, car Amy Adams passe beaucoup de temps en négligé, vêtue uniquement d'un manteau de fourrure, ou d'une serviette, ou carrément dans son bain) qui font plutôt penser à l'époque pre-code. C'est pétillant, court et incisif, on adore facilement les personnages, et on pense aussi bien à la screwball comedy qu'à Capra. Voilà, c'est dit! Après, ça ne changera ni nos vies ni nos perceptions du cinéma, mais ça fait du bien.

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie