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29 mars 2021 1 29 /03 /mars /2021 18:53

Ivy (Zoe Kazan) revient chez elle, pendant de courtes vacances. En quittant l'université, elle a aussi laissé derrière elle son petit ami Greg, avec lequel elle va maintenir une conversation de sourds, par téléphone. Elle revient avec Al (Mark Rendall), son ami d'enfance, auquel elle propose de rester chez elle... Ivy est épileptique, et la période va être difficile: elle se sent de plus en plus airée par Al, sent que Greg veut partir et casser leur relation, et sent que cette crise risque de la précipiter vers une crise... et Al n'est pas réceptif comme elle le souhaiterait.

Le film est fait d'une myriade de petits riens, ces passages de la vie quotidienne qu'on ne remarquera que lorsqu'ils vous arrivent. C'est un pari risqué, que le metteur en scène et son interprète principale ont construit pas à pas, en se livrant à des repérages minutieux, et en intégrant aussi, sans doute, une forte dose d'improvisation. Zoe Kazan, rompue aux rôles plus classiques au théâtre, et qui jusqu'à cette époque était surtout connue au cinéma pour des seconds rôles (son côté "physique de rigolote", sans doute?), tient le film à bout de bras. 

On s'accroche justement au film parce qu'il y a quelque chose en Ivy qui fait qu'on s'attache, parce que sinon, ça ressemble beaucoup à un énième marivaudage boueux dans les eaux troubles des jeunes de 20 à 25 ans, avec des portables dans toutes les cènes par-dessus le marché... Mais la façon dont le bruit, la distance sociale forcée par les circonstances urbaines, et même la circulation (dans les scènes de rue, la caméra est à bonne distance et les acteurs évoluent en toute liberté) ont été utilisés, et l'ancrage fort du point de vue d'Ivy, ont un effet bénéfique...

Rien que pour la façon dont Zoe Kazan tire de son propre naturel, de sa gestuelle spécifique, de son corps voire de ses propres tenues (il y a un naturel à porter certains vêtements, qui vous donnent l'impression d'être dans l'intimité d'un personnage. Ici, une étrange robe, des chaussures usées, un pyjama de fortune, aident à construire un personnage tangible) un personnage de chair et d'os, dans sa complexité et sa fragilité, nous maintient en phase avec le film. Attention, toutefois, c'est fragile: ce n'est pas un film d'action.

Et puis il y a, occasionnellement, un peu de magie: Ivy, seule avec Al sur un toit, croit être au bout du rouleau... Derrière elle, un ciel magnifique, magique avec ses formations de nuages. Un vol de pigeons enclenche un mouvement simultané des deux acteurs, qui tournent la tête vers la même direction. Un plan qu'il a sans doute fallu planifier et répéter, mais qui ressemble à un accident heureux... Une scène dont l'affiche se souvient, d'ailleurs, voir plus haut. Et LA scène qu'on attend, celle de la crise d'épilepsie, est vue à distance, filmée avec une immense pudeur. 

 

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Published by François Massarelli - dans Zoe Kazan