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22 mars 2021 1 22 /03 /mars /2021 18:06

Le Danemark est occupé quand ce film a été tourné, et le propos de la Palladium était simple : il n’y a plus de films ou presque au Danemark, les gens ont besoin de se changer les idées, faisons donc appel au vétéran Dreyer, il a besoin de tourner et tout le monde sera content…

A ce niveau c’est raté. Certes, le film raconte une histoire humaine en pleine renaissance protestante, dans un Danemark rigoriste, avec des procès en sorcellerie et des exécutions sur le bûcher, mais comment dire ? …ce n’est pas un film d’aventures, ni une comédie loin de là. Dreyer a ni plus ni moins fait du Dreyer, et c’est l’un de ses films les plus noirs. par dessus le marché, le public visé et la critique contemporaine n'ont pas, mais alors pas du tout apprécié.

Dans une petite bourgade, un pasteur d’un certain âge, Absalon, s’est remarié avec Anne, une jeune femme, que sa belle-mère déteste. Martin, le grand fils du pasteur, est sur le point de revenir. Absalon a hâte de retrouver son fils, ce qui lui permettra de se sortir l’esprit, car il est très impliqué dans la chasse aux sorcières. Le conseil s’apprête à condamner et exécuter une vieille dame, Herlofs Marte, pour sorcellerie, mais celle-ci dénonce la mère de la jeune Anne… Absalon essaie d’étouffer l’affaire… Par-dessus le marché, Martin et Anne tombent dans les bras l’un de l’autre, et bientôt Anne parle ouvertement de son souhait de voir mourir Absalon…

Le film est très ambigu, ne donnant jamais la clé de ce qui s’y passe : Marte et les autres sont-elles effectivement des sorcières, ou pas ? Anne est-elle oui ou non douée des mêmes pouvoirs maléfiques que ceux, supposés, de sa mère ? La mise en scène nous laisse activement dans l’ambiguité, du début à la fin, mais je pense que Dreyer voulait tout simplement rendre palpable la croyance de tout une communauté, afin d’opposer le libre arbitre de l’amour exclusif de Martin et Anne. C’est ici que le pire moment du drame va se jouer, vers la fin du film, quand le jeune homme, sous haute influence de la communauté, va la trahir.

Du même coup, des voix se sont élevées à la libération pour célébrer un esprit de résistance qui aurait été représenté dans ce film, une résistance face à la fatalité de l’occupation, symbolisée par les deux jeunes gens et leur tentation d’amour en toute liberté. Une interprétation réfutée par Dreyer, qui lui affirmait vouloir juste y opposer, dans un équilibre instable, l’amour des uns et le fanatisme des autres, sans y apposer de lecture contemporaine. Il en profitait aussi pour prolonger l'angoisse face à la mort de Jeanne d'Arc dans son film le plus célèbre. Quelle interprétation alors? Aucune: dans son mystère, le film demeure…

 

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Published by François Massarelli - dans Carl Theodor Dreyer