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Diana Merrick (Greta Garbo) et Neville Holderness (John Gilbert), depuis leur plus tendre enfance, s'aiment... Selon toute probabilité, ils vont se marier, mais le père (Hobart Bosworth) de Neville, qui n'a jamais pu souffrir ni Diana ni son petit frère alcoolique Jeffry (Douglas Fairbanks, Jr), envoie son fils au diable pour travailler, et ruine ainsi toute chance de mariage entre les deux amants. Diana se console dans les bras de David (John Mack Brown), le meilleur ami de Jeffry, mais celui-ci meurt dans des circonstances mystérieuses; la rumeur a vite fait d'attribuer cette fin précipitée à son mariage avec Diana, et celle-ci, malgré le soutien inconditionnel du Dr Trevelyan (Lewis Stone), vieil ami de la famille qui veille sur les destinées des deux orphelins, va s'abîmer dans un cortège de relations éclair avec toute la jet-set Européenne...
Quand Neville reparaît dans la vie de Diana, c'est marié, avec la belle Constance (Dorothy Sebastian)... Mais tout n'est pas réglé, et bien entendu, des questions restent en suspens. La première d'entre elles, évidemment, est liée à la mort soudaine de David.
Mort soudaine dont nous avons été les témoins, dans une scène qui ne résout par contre pas tout... David et Diana viennent de se marier, et arrivent à l'hôtel. Pendant que Diana attend son mari dans son lit, celui-ci, visiblement éméché, regarde le riz qui encombre ses poches, comme pour tenter de réaliser sa chance d'avoir épousé celle qu'il aime depuis longtemps. Soudain, il réalise que des hommes viennent d'entrer dans leur suite: l'un d'entre eux sort une paire de menottes... David saute par la fenêtre sous les yeux de Diana qui s'était levée. Il nous faudra attendre la fin du film pour comprendre le fin mot de l'histoire, et personne n'en saura rien, rendant ainsi toutes les hypothèses possibles, aussi valides les unes que les autres, y compris celles qui sont énoncées, dans lesquelles Diana est une gourgandine de première classe.
D'ailleurs, revenons au début du film: Greta Garbo joue la Diana post-adolescente en fille capricieuse et gâtée, qui emmène Neville en automobile et conduit au mépris du danger... Elle conduit sa voiture comme elle conduira sa vie en quelque sorte. Le message envoyé est celui d'une femme sans filtre, qui croque la vie à pleines dents en menant les hommes par le bout du nez... ou d'une dangereuse aventurière, c'est selon. Un aitre aspect qui est parfois évoqué à travers l'utilisation d'un terme dans les intertitres, c'est l'assimilation du personnage à la masculinité: quand son honneur sera éclairci, plusieurs personnages référeront à elle comme étant un gentleman, c'est un point qui permet de toucher à un thème prudemment laissé dans le sous-texte par Clarence Brown avec la subtilité dont il savait faire preuve: la notion de transfuge des genres inhérente à la sexualité. Si Diana (chasseresse, bien entendu) fait collection d'aventures comme un homme, dans cette société encore corsetée, son frère Jeffry pour sa part noie dans l'alcool une passion secrète mais qu'il n'est pas bien difficile de deviner, pour le beau David. C'est d'ailleurs pour protéger son frère que Diana taira la vérité sur son mari, qui s'avère être un dangereux voleur de classe internationale!
Brown avait déjà montré dans Flesh and the Devil comment il savait réaliser des films dont la sensualité apparaissait en filigrane derrière la mise en scène, et fait ici la preuve, surtout dans la première heure du film, qu'il n'a pas perdu sa verve. Maintenant, le film reste sage par rapport à ce qu'on aurait pu envisager: ainsi la vie aventureuse de Diana la prédispose à des maladies honteuses, que le roman adapté détaillait. Sinon, après s'être revus, Diana et Neville sont de nouveau séparés, et Diana est malade: on apprend que neuf mois ont passé, le message est clair. A ce propos, si la MGM misait tout sur la "réunion" entre les deux stars et le metteur en scène de Flesh and the Devil, on note que le film sert aussi de galop d'essai à d'autres acteurs et actrices; le jeune Fairbanks a un rôle ingrat, mais il s'en sort fort bien; Johnny Mack Brown reste léger, et Dorothy Sebastian en opposé de Diana ("Constance", ben voyons!) est adorable. Brown se livre avec ses acteurs à l'un de ses péchés mignons, le jeu de caméra sur les visages; c'est sans doute Dorothy Sebastian qui a droit à la séquence la plus spectaculaire, dans une scène où e désarroi de l'épouse qui se comprend potentiellement trompée, se dessine sur son visage en gros plan...
Tout ça fait un film qui était probablement contractuel pour la plupart des acteurs; reste que c'est l'un des plus surprenants, peut-être LE plus surprenant des films muets Américains de Garbo. Maintenant il n'apporte rien à la légende de John Gilbert, si ce n'est de le cantonner dans un second rôle pas toujours convaincant... Avec ses non-dits, il s'élève sans problème au-dessus de la mêlée, mais il laisse quand même une certaine frustration par le fait qu'il arrive souvent que l'intrigue se cogne dans les murs...
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