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Au milieu du XIXe siècle, Mary Anning (Kate Winslet), paléontologue autodidacte, vit à Lyme Regis dans le Dorset, où depuis l'âge de douze ans, elle écume la plage à la recherche de fossiles. Elle a d'ailleurs fait des découvertes exceptionnelles, certaines étant exposées à Londres dans un musée prestigieux. Elle reçoit la visite d'un couple Londonien, les Murchison: le mari (James McArdle) souhaite en effet trouver des pièces pour sa collection, et en profite pour amener son épouse Charlotte (Saoirse Ronan) dont la santé fragile a bien besoin de l'écume et de l'air de la mer... Avec réticences, Mary qui n'aime pas trop partager son quotidien, accompagne Murchison, et constate que celui-ci a les plus grandes difficultés à sortir Charlotte de sa torpeur...
Quand Roderick Murchison part pour Londres, les deux femmes restent seules. L'état de Charlotte empire, et Mary se dédie tant bien que mal à la remettre sur pieds: Charlotte s'ouvre enfin...
Le film est basé sur des faits réels, et au moins sur un personnage authentique, celui de Mary Anning, qui avait déjà eu son heure de gloire dans la fiction populaire dans l'excellent roman de Tracy Chevalier Remarkable Creatures, qui se gardait bien d'explorer sa sexualité. C'est là que le film de Francis Lee a prêté le flanc à la critique... Peu importe, d'une façon: maintenant, le film exploite le fit que la paléontologue, en ses 47 années d'existence, n'ait jamais été mariée, et n'ait pas eu à la connaissance de quoi que ce soit, de relations hétérosexuelles répertoriée! Mais Ammonite (du nom de ces coquillages fossilisés qui sont légion dans les mines de fossiles) se veut une extrapolation fictive autour d'une situation aux contours féministes, et le fait savoir dès son générique: au musée à Londres, pendant que des hommes amènent cérémonieusement un fossile d'Ichtyosaure (un spécimen spectaculaire d'un fameux reptile marin, trouvé à 12 ans par Mary Anning), ils ne se préoccupent pas vraiment d'une femme qui est en train de nettoyer le sol, laborieusement. En écho à cette situation initiale, le film évolue dans des sphères essentiellement féminines, avec Mary qui vit auprès dune mère acariâtre (Gemma Jones), ou qui garde des relations distantes avec Elizabeth Philpot, une autre paléontologue historique, mieux née que Mary: on comprendra que les deux femmes ont eu une relation...
Et bien sûr, le film conte l'histoire d'amour passionnelle entre deux femmes, Charlotte Murchison et Mary Anning. Une histoire d'amour qui naît de leur promiscuité durant la maladie de Charlotte, mais aussi de leur éloignement du monde (Roderick est parti à Londres sans prévenir son épouse) et d'une certaine frustration, aussi: une scène nous montre Charlotte tentant un rapprochement avec son mari, qui l'arrête en lui disant qu'il n'est pas le moment d'avoir des enfants. La sensualité de la jeune femme va donc trouver à s'exprimer auprès de Mary...
Le film nous montre la lente maturation d'une complicité, puis la montée du désir, avec parfois une vraie délicatesse... et puis explose dans une scène spectaculaire qui a du émouvoir plus d'un internaute! Winslet et Ronan donnent tout (dans les scènes intimes comme dans les scènes plus présentables) avec énergie, et leur complicité est plus que plaisante. Reste que le film est à son meilleur dans la peinture d'une époque saisie dans ses détails les plus inattendus, dans les gros plans d'outils qui grattent, de mains qui fouillent dans la vase des bords de mer, et surtout dans les sons d'une époque révolue: des sons systématiquement mixés en avant, par-dessus dialogues et musique... D'ailleurs, "dialogues", c'est vite dit, on parle peu dans ce film et c'est bien: on saura quand même tout ce qui n'est pas dit: que Mary et Elizabeth ont eu une relation passionnelle, et que Charlotte se remet tant bien que mal d'une fausse couche...
Un petit rendez-vous délicat, donc, pour les amoureux d'un cinéma qui prend son temps, et pour sur la difficulté à trouver l'âme soeur pendant qu'on entend le tumulte des vagues. Révolutionnaire? Non, bien sûr. Mais du plaisir cinématographique? Ca oui!
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