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Ce film est une grande date à plus d'un titre: d'une part il est l'un des premiers longs métrages d'un pays qui a bien du mal à exister dans le monde du cinéma, dominé par les Danois, les Italiens et les Français. Ensuite, il est aussi l'invention d'un mythe cinématographique, certes plus ou moins adapté d'une nouvelle de Poe, mais qui va générer sa propre légende, au point de fournir une cargaison de remakes... De là à penser que ce film ouvre la voie à une kyrielle de films fantastiques Allemands, et non des moindres, il n'y a qu'un pas!
Balduin (Paul Wegener) est un étudiant à Prague, matamore et fort satisfait de lui-même: fin bretteur, beau parleur, séduisant, il supporte assez mal le rejet. Aussi, quand une comtesse qu'il a sauvé de la noyade l'envoie paître en raison de son statut social inférieur, il plonge dans le doute. Il écoute la suggestion d'un étrange personnage, Scapinelli, sorte d'incarnation du diable: celui-ci lui garantit la fortune en échange de "tout ce qu'il souhaite prendre" dans l'appartement de l'étudiant. Il prend... le reflet dans son miroir.
Balduin parvient donc à la richesse, et les portes de la noblesse s'ouvrent toutes grandes pour lui. Mais il est suivi constamment, par son double d'une part, et par une mystérieuse Gitane... Les deux seront sa perte.
On est encore dans un cinéma dominé par les tableaux, les plans uniques qui suffisent à une séquence... Le film délaisse les possibilités du montage pour s'intéresser, d'une part, au champ lui-même, qui est systématiquement traité en fonction de l'effet qu'il produira sur le spectateur (exactement la démarche que suivra à la lettre Wiene dans son Caligari 6 ans plus tard); d'autre part, Ewers et Rye s'amusent avec des doubles expositions, permettant au double maléfique de Paul Wegener de faire peur à Balduin, et c'est rudement bien fait... C'est vrai aussi que le film prend son temps, en particulier pour laisser les effets, justement, faire leur petit effet! Mis on a souvent le sentiment d'assister à la naissance d'un grand courant du cinéma mondial, et ça, ce n'est pas rien!
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