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Dominika Ergonova (Jennifer Lawrence) est une ballerine du Bolchoï, qui ira loin... Le soir de sa grande performance, pourtant, son partenaire la blesse accidentellement... La jambe cassée, l'os littéralement brisé, pourra-t-elle marcher, et surtout danser? Son oncle, ponte des services secrets Moscovites, lui apporte la preuve que l'accident n'en était pas un, précipitant un acte de vengeance. Parce que sa mère a besoin d'elle, et que son unique rêve a été anéanti, elle accepte une proposition de son oncle: elle travaillera pour lui, et deviendra un "moineau", un agent à tout faire. Mais plutôt qu'une école d'espionnage, ça ressemble à s'y méprendre à une école de prostitution... Devenue un modèle, Dominika est engagée pour tirer au clair une affaire sombre, la recherche d'un agent double qui donne trop de renseignements aux Américains...
La guerre froide, c'était le bon temps, finalement! Le cinéma avait du tout cuit, du tout chaud, du prêt à servir, et nul n'était besoin de la moindre mise en contexte, on y était déjà. Aujourd'hui, les précautions oratoires prennent toute la place, d'où les quarante premières minutes du film. Cela étant, cette lente montée de l'atmosphère et de l'action du film servent au moins la caractérisation, puisqu'on y apprend à connaître, non seulement Dominika, mais aussi son oncle affreux (Matthias Schonaerts), l'agent Américain qui a déclenché toute l'affaire de la recherche de l'agent double (Joel Edgerton) voire les supérieurs de Dominika (Ciaran Hinds, Jeremy Irons et Charlotte Rampling dans un grand numéro de chef de camp d'entraînement avec une nette tendance au sadisme laconique). Et assez rapidement, on comprend qu'on est tombé devant un film qui d'une part va beaucoup sacrifier à la quête du sensationnel, et d'autre part va mettre en avant la notion de sacrifice à un idéal, tendance extrême.
Ce qui me fait immédiatement penser à l'admirable Lust, caution, de Ang Lee: Wei Tang y incarne une jeune idéaliste qui se révèle prête à tout, mais alors tout, pour se lancer dans une lutte contre l'envahisseur Japonais, mais qui va se prendre au piège de sa propre sensualité et tomber amoureuse de sa cible. Dominika va devoir se plier à des contraintes particulièrement drastiques, et coucher, recoucher, en public, avec tout un tas de personnes, et ça se voit: on est partagé. D'une part, bien sûr, l'actrice n'a subi aucune pression, et donne d'elle-même avec un aplomb remarquable... Mais d'autre part, on comprend assez rapidement de quoi il retourne, fallait-il en rajouter autant? Non seulement en matière de sexualité, mais aussi et surtout, la question de la violence extrême du film fait débat. Si le sujet reste bien une réflexion sur les sacrifices que le fameux "service au pays" requiert, ce vieux prétexte des salopards pour mener des saletés dans leur coin, reste que le film est surtout un tour de manège, mais au lieu d'y attraper la queue de Mickey, on y voit beaucoup, mais alors beaucoup, de sexe et de violence...