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Dans les années 30, à Edinburgh, nous suivons plusieurs années de la scolarité de quelques filles dans une école privée sélective et prestigieuse: dans cette institution pour jeunes filles modèles, nous ferons la connaissance de quatre adultes. Miss Mackay (Celia Johnson) est la principale, rigoriste mais juste, et toujours soucieuse de ramener ses ouailles sur terre... Surtout que dans le staff de l'école, trois enseignants se distinguent: Mr Lloyd (Robert Stephens), le professeur d'art, est un peintre passionné et séducteur, catholique de surcroît; Mr Lowther (Gordon Jackson), le professeur de musique, est passionné d'opéra et emmène parfois ses élèves pour partager sa passion, sous l'influence de Miss Brodie (Maggie Smith), professeure d'histoire célibataire. Entre ces trois enseignants se joue un triangle amoureux d'un genre nouveau... Lowther et Brodie sont amants, mais elle lui refuse le mariage. Et elle tente d'oublier une aventure d'un soir avec Lloyd, qui en dépit de sa relation productive avec son épouse (six enfants) est encore et toujours obsédé par sa collègue...
Pendant ce temps, les élèves grandissent: Jenny (Diane Grayson), une beauté classique, dont Miss Brodie voudrait tant que Lloyd fasse le portrait; Mary McGregor (Jane Carr), une orpheline richissime et bègue, dont Miss Brodie va aider à vaincre la timidité, mais ce ne sera pas sans heurts, ni accidents inattendus: c'est elle qui sera le témoin d'un baiser fougueux entre Brodie et Lloyd! Enfin, Sandy (Pamela Franklin) est, souvent et une fois de trop, prise par sa professeure pour argent comptant, de quoi pousser à la rébellion...
Bien sûr que le film, adapté d'un roman et d'une pièce à succès (un classique, qui se joue encore de nos jours) sera un de ces formidables contes autour de l'éducation, où Miss Brodie (une bien différente personnalité que celle de Mrs McGonnagal!) est un peu le centre d'intérêt... Et bien sûr que les personnalités différentes des files, celles que Brodie elle-même appelle le "Brodie set" vont se révéler dans des anecdotes passionnantes, soit de leurs vies soit de celles de leurs enseignants. Mais si Jean Brodie est effectivement le personnage principal, qui a valu un Oscar à Maggie Smith, elle est loin d'être une héroïne. Au contraire: elle est, et c'est ce que prouve le film du début à la fin, une narcissique toxique, une égocentrique militante et une passionnée de politique qui n'a absolument rien, mais rien du tout compris à la marche du monde: elle soutient Mussolini (comme beaucoup d'Européens et d'Américains à l'époque rappelons-le), et Franco qu'elle appelle ses élèves à aller aider dans "son combat contre les forces du mal"... Et elle répète constamment à ses élèves qu'elles sont à elle, et qu'elle va les changer pour le meilleur.
On comprend donc pourquoi le rôle est fascinant, et Maggie Smith y est géniale, ayant compris qu'il fallait pousser l'exagération, la flamboyance du personnage jusqu'à l'extrême, tout en se créant une distance émotionnelle à toute épreuve: Miss Jean Brodie n'aime pas son amant, elle n'aime pas non plus les filles qu'elle croit façonner à son image... Du coup, Neame s'amuse beaucoup à tisser autour d'elle, et de ses amours affriolantes, un univers qui fait semblant de continuer à être empreint de rigueur et d'ascèse. Le fait que la dramaturge Jay Preston Allen ait signé elle-même le script est une autre garantie de qualité. Quant aux acteurs... Robert Stephens est fabuleux, comme d'habitude, et le duo entre lui et son épouse Maggie Smith est volcanique. Et le rôle inattendu, celui qui donne tout son sens à la pièce, celui d'une élève qui ne se laissera pas faire, mais un rôle également assimilable à celui de Veda dans Mildred Pierce, est une occasion en or pour Pamela Franklin, un rôle pour lequel il convient de ne pas avoir froid, et pas qu'aux yeux.
Tout ça vous fait un film essentiel sur la façon dont une éducation se forge, et sur la façon dont ces années de confrontation peuvent a priori informer une vie entière. Un film qui est à la fois une comédie et un drame terrible sur la façon dont une personne qui croit être, selon les mots de Brodie, la crème de la crème (en français dans le texte) peut entraîner sur les autres, l'erreur, le drame et la mort.
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