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Olof (Lars Hanson) est le fils d'une très bonne famille; dans un prologue lyrique et fortement trompeur, il se prend d'amour pour une jeune femme, une amie d'enfance probablement. Ils sont à deux doigts de se déclarer leur flamme, mais... La séquence suivante montre Olof, en plein jeu, qui délaisse la première fille pour une autre, plus prometteuse. Le ton est donné: le film sera le voyage initiatique d'un homme qui aura les plus grandes difficultés à se décider.
Olof est fermier et héritier, ça n'empêche pas ses parents d'avoir la firme morale et rigoriste: ils s'offusquent de le voir coucher avec une employée de leur ferme, et ils le chassent. Il s'en va de toute façon, déterminé à réussir malgré tout, et le croit-il sur le coup, à épouser l'infortunée: ça n'aura pas lieu. Mais ce qu'il va vraiment faire, c'est parcourir le vaste monde (du moins une petite portion, toute scandinave): il va se faire engager au bord d'une rivière pour un travail de bûcheron.
C'est là que se situera le passage du film sans doute le plus célèbre: à nouveau amoureux, à nouveau en pleine séduction, Olof va utiliser les grands moyens; on raconte qu'aucun bûcheron n'a jamais réussi à parcourir une longue distance debout sur un tronc d'arbre, il va le faire... et il réussit, car l'effet voulu s'est réalisé: la jeune femme (Edith Erastoff) qu'il convoite a tremblé pour lui après l'avoir pris de haut.
Mauritz Stiller, qui était l'un des premiers à penser le cinéma en très grand, applique dans cette épopée sentimentale mi-ironique mi-flamboyante sa règle d'or: il faut qu'un film repose sur un montage d'attractions, de scènes-clés. Pour rester chez Stiller, pensez l'incendie ou la poursuite dans la neige avec les loups pour Gösta Berling, ou le flash-back du massacre dans Le trésor d'Arne. Sa séquence de la rivière, parfaitement montée et interprétée de manière époustouflante (bien sûr que Lars Hanson a été doublé mais pas toujours et on ne voit absolument pas les coutures) est un point culminant du film... Un film qui a aussi en réserve un sale tour à jouer à son personnage principal, qui a bien besoin de se faire remettre à sa place...
Le parcours initiatique prendra fin par un retour au bercail, après une leçon d'humilité un peu décalée, et particulièrement violente: son départ a eu un effet sur la jeune femme qu'il avait dévoyée, et elle en a hérité une descente aux enfers... Pas Olof, pourtant, qui réussit à la fin à conquérir en homme libre encore mieux que le coeur de sa belle: il gagne l'estime de son futur beau-père.
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