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  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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23 mai 2021 7 23 /05 /mai /2021 10:27

Sarah Morton (Charlotte Rampling) écrit des romans policiers, et obtient un grand succès... Auprès des dames d'un certain âge, manifestement, les seules qui la reconnaissent dans le métro. Elle a envie d'autre chose, peut-être par exemple que son éditeur John Bosload (Charles Dances) lui montre un peu d'intérêt... Celui-ci lui fait une proposition qui paraît intéressante: il lui propose de se rendre dans une maison qu'il possède au Sud de la France, dans le très cinégénique arrière-pays Niçois. Elle pense qu'il l'y rejoindra et se rend sur place, où elle apprécie le calme.

Sauf qu'après un jour ou deux, une jeune femme débarque: Julie (Ludivine Sagnier) est la fille de John, née d'une mère française; elle habite sur place, et a décidé sur un coup de tête de quitter son travail et de se rendre à la villa de son papa, sans savoir que celle-ci est occupée. Srah voulait de la tranquillité, c'est fini... Car Julie a une vie bien remplie, de laisser-aller permanent et de rencontres d'un soir: ce dernier fait impressionne beaucoup Sarah...

Très rapidement, on constate que quelque chose se passe dans la narration, qui n'est pas normal: deux courtes scènes en particulier qui se font écho, comme des rimes salaces... Dans l'une on voit Julie allongée au bord de la piscine, en maillot de bain. A son côté on voit les jambes d'un homme, dont nous ne savions pas qu'il était là... La caméra monte et cadre son visage avant un autre plan de... son maillot de bain. Il s'y sent à l'étroit... La séquence continue en nous montrant les deux qui se caressent sans se toucher l'un l'autre. Quelques temps plus tard, alors que Sarah professe son peu de goût pour les piscines, c'est à son tour de se trouver au même endroit après avoir nagé. A ses côtés, les jambes d'un homme: c'est le vieux jardinier... Au-delà du gag du décalage entre les deux hommes, ces séquences sont intrigantes par le fait qu'elles ne s'inscrivent dans aucun vrai cadre narratif et qu'elles semblent nous indiquer que tout ce qui nous est montré n'est tout bonnement pas vrai.

Dans le récit de la confrontation entre Sarah, la romancière en panne d'inspiration, et Julie, la jeune fille à papa qui ne trouve pas sa voie, il y a des allers et retours troublants, qui vont bien au-delà de cette image de porno chic que le film a acquis, avec cette publicité systématiquement axée sur le corps et la sensualité de Ludivine Sagnier. Le metteur en scène glisse de la confrontation douloureuse de deux univers, vers un thriller où Sarah sera plus à l'aise. Et il le fait en revenant, à l'occasion, en arrière, en laissant Sarah, donc, redéfinir ce qu'elle a vu et entendu, à la lumière d'un meurtre inattendu...

Le jeu de point de vue est donc absolument fantastique: car qui nous raconte cette histoire? Ozon? Sarah? Voire... Julie, ou un autre personnage? Et la fin, non contente de nous aiguiller quand même dans une certaine direction qui permet, un peu, de nous éclairer sur le sens de cette intrigue, nous assène malgré tout un coup sur la tête, en faisant repartir la moulinette à questions. La fin est plus qu'ouverte: elle est béante... 

 

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Published by François Massarelli - dans François Ozon Noir