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24 juin 2021 4 24 /06 /juin /2021 09:11

Otsuya, fille d'un marchand, décide de fuir le domicile familial avec son bien-aimé Shinsuke, l'apprenti de son père... Il es vrai qu'elle n'en fait qu'à sa tête, parce que ce n'est sans doute pas ce pauvre Shinsuke qui aurait pu y penser tout seul! Ils se réfugient chez un "ami", Gonji: mais ça va très mal se passer, d'une part parce que Gonji va tenter de la violer, ensuite parce que ce dernier, pour détourner l'agacement bien compréhensible de son épouse, va finalement vendre Otsuya à un proxénète, et tenter de tuer Kinshuso.

Avant de pouvoir commencer à recevoir des clients, Otsuya doit passer par les mains du tatoueur Seikichi: celui-ci lui dessine une gigantesque araignée-femme assoiffée de sang sur le dos... Et au vu des conséquences, ce n'était pas une très bonne idée...

C'est par la scène du tatouage que le film commence, permettant d'assumer tout de suite l'importance considérable du tatouage dans l'intrigue. Si le film n'est jamais ouvertement un film fantastique, le doute reste permis... Occasionnellement, Otsuya va d'ailleurs le dire: ce n'est pas moi, c'est l'araignée... Pourtant dans le film son personnage assume sa volonté et sa puissance, ainsi que son effet sur les hommes. Désir, sexualité, meurtre, tout se confond dans une intrigue qui ne se départit jamais totalement d'une certaine ironie. Le script est dû à Kaneto Shindo, qui s'est inspiré d'un roman de 1910 de Jun'chiro Tanizaki; de fait, ce film sur une meurtrière singulière militante malgré elle d'une certaine forme extrême de féminisme, est un peu dans le prolongement de son célèbre Onibaba...

Mais Masumura, contrairement à Shindo, n'ancre pas son film dans une vision naturaliste exacerbée; pour commencer, il utilise la couleur, avec une maîtrise impressionnante, en donnant à chaque scène un aspect inoubliable, favorisant ça et là des grandes giclées de rouge (ben tiens!), de bleu, de jaune... Les couleurs primaires ne sont pas les seules convoquées pour ces compositions, mais elle sont un peu les arbitres de la confrontation! Et chaque geste, chaque mouvement, dans une mise en scène de grande précision, acquiert un statut de rituel particulièrement défini... A commencer bien sûr par le tatouage qui donne son nom au film, mais aussi les déshabillages fréquents.

Une constante, c'est l'exposition du dos nu de l'actrice Ayako Wakao, répété et sacralisé, un dos montré au détriment de toute autre partie du corps, comme un semblant de promesse, mais qui finit par prendre toute la place et exclut toute fin heureuse au commerce de la chair, comme l'araignée en quelque sorte, qui a tendance à régler leur compte à tous les hommes qui s'aventurent... Un dos laiteux, filmé au plus près de la peau, voilà l'image qui ressort le plus souvent de ce film baroque et hautement recommandable...

 

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Published by François Massarelli - dans Yasuzo Masumura