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Un jeune homme sur la route, Jonas (Robert Walker) est recueilli par une femme, Mara (Rita Hayworth) qui le prend pour son fils Rocky disparu depuis quatre ans. Un peu embarrassé, il se laisse faire, et constate très vite que personne ne conteste la méprise, dans l'entourage de la dame, qui vit un peu à l'écart, en gérant une station service où il n'y a pas grand monde pour s'arrêter. L'affaire s'embrouille lorsqu'apparaît la fille de Mara, Billie (Mimsy Farmer), qui non seulement admet que Jonas est en fait son frère, mais en prime ne tarde pas à devenir de plus en plus intime avec lui... Jonas, qui se pense obligé de jouer le jeu, multiplie es questions: où est Rocky, que lui est-il arrivé, et quelle part ont joué dans sa disparition les deux femmes et leur entourage fantomatique? Et pourquoi s'obstine-t-on à le reconnaître comme étant Rocky alors qu'il ne lui ressemble pas du tout?
Certaines de ces questions n'auront pas vraiment de réponse, enfonçant le film dans une espèce d'ambiance entre-deux: entre un conte halluciné (ce serait l'époque, non?) et une évocation mythique, mi-raison, d'un homme perdu et revenu malgré lui d'entre les morts... Pour couronner le tout, Lautner ajoute deux touches qui au lieu de simplifier, compliquent la tâche du spectateur: une voix off du personnage principal, qui a conscience d'être dans un film noir, un vrai, peu importe qu'il soit solaire... Et un flash-back avec un personnage secondaire, un policier d'ailleurs assez peu utilisé dans le film...
C'est tout un genre qui défile sous nos yeux, un genre dont More et Zabriskie Point participent eux aussi, fait d'une narration décousue, de mystères accumulés, d'un soupçon de liberté aussi bien morale que narrative (donc de grosses louchées de nudités psychédéliques, s'entend, c'est une co-production franco-italienne, et Lautner, pas plus que Walker et Farmer, 'est pas avare sur ce point) et d'une solide rasade de clichés cinématographiques de l'époque: la bande originale, sous forte influences (on y "cite" pêle-mêle Morricone et Abbey Road) est à ce titre devenue une légende à elle seule...
Le film est malgré tout une expérience unique chez Lautner, un film à part. Tourné en Anglais (Lautner disait à qui voulait l'entendre qu'il fallait le voir en français. Il avait bien sûr tort), privé de cette sale manie qu'ont les français de tout résumer au saint dialogue, totalement représentatif du fabuleux chaos culturel d'une époque révolue... Un film voué à l'échec commercial et au culte bizarre... Avec Rita Hayworth en bout de course.
...Et sinon, c'est où, Salina?
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