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2 juillet 2021 5 02 /07 /juillet /2021 10:57

Ce n'est pas parce qu'on entre dans ce film accompagné par le rugissement d'un lion, que c'est une production de la MGM... Non, si la firme de Culver City est bien le distributeur, Roy William Neill travaillait à l'époque directement pour les Kalmus et pour la société Technicolor. Rappelons que ce studio existe depuis le milieu des années 10, et qu'après des essais peu concluants, avait sorti deux films en 1922 (The Toll of the Sea, Chester Franklin) et 1924 (Wanderers of the Wasteland, Irvin Willat, probablement perdu), avant de se placer en marge: ils fournissaient leurs services et leurs techniciens pour saupoudrer de séquences en couleurs les longs métrages des autres studios (Beyond the rocks, Phantom of the Opera, The ten commandments, Ben-Hur, Lights of old Broadway, Long pants, Seven Chances, Stage struck, The merry Widow et même Greed...), tout en maintenant une production de courts métrages. L'acharnement de Douglas Fairbanks à réaliser une production en Technicolor (une histoire de pirates, pour lui, ça ne pouvait être fait qu'en couleurs!) avec The black pirate a relancé l'intérêt pour l'idée de produire de nouveaux longs métrages, d'autant qu'en 1927, un nouveau procédé plus pratique voit le jour... 

The Viking est donc, non pas le premier long métrage en couleurs (vous lirez cette bêtise un peu partout, et ça m'énerve), mai bien le premier tourné avec le troisième procédé de Technicolor deux bandes. Il inaugure une nouvelle ère, puisque cette fois, si de nombreux studios vont continuer à saupoudrer (The Wedding march, The garden of Eden, Fig Leaves, The mysterious Island, Hell's angels, Glorifying the American girl ou Mammy peuvent tous en témoigner), le nombre de films intégralement en couleurs va s'accentuer: on aura bientôt Redskin (qui triche un peu, puisqu'il y a un quart du métrage qui est en noir et blanc), The Rogue song, The King of jazz, Whoopee, Under a Texas moon, Dr X ou The mystery of the wax museum... Et cette aventure de vikings a aussi l'insigne honneur d'être le premier film en Technicolor doté d'une bande-son...

Le problème, c'est qu'il est bien joli, ça oui, mais ce n'est pas un très grand film. Il est largement fondé sur l'attente d'un spectacle qui ne viendra jamais, et on sent les producteurs gênés aux entournures, entre la représentation des vikings en pleine saga maritime, et la nécessité de prêcher des valeurs aussi Chrétiennes que possible. On a donc ici une référence constante à la piété religieuse de Leif Ericsson (Donald Crisp), qui est présenté comme un visionnaire au milieu de sauvages, et si c'est basé pour une part sur des faits historiques, on sent qu'on se prive de beaucoup de scènes intéressantes! Les couleurs servent surtout à des effets décoratifs, la caméra bouge peu, ce qui est attendu (ce dispositif Technicolor était difficilement maniable), et donc au-delà de la palette, l'intérêt est moindre... Ces vikings constamment coiffés de casques à cornes (dorment-ils avec?) sont souvent assez ridicules, aussi... Plus grave, la vision de l'esclavage, qui devient ici une vaste blague, est gênante venant d'un pays qui a si longtemps fermé les yeux sur la pratique, ou en a carrément encouragé l'exercice...

 

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Published by François Massarelli - dans 1928 Muet Technicolor