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Adaptant non pas un mais deux romans de Dominique Noguez, les frères Larrieu quittent le terrain strict de la comédie où il se sont surtout illustrés, pour réaliser un film d'un genre peu banal, mais qui a pourtant occasionnellement existé en France: on se souvient un peu de La fin du monde, de Gance, ou de Malevil de Christian de Challonges. Le cinéma apocalyptique existe dans ce pays! Mais ce film précis a un avantage sur tous les autres: il est une oeuvre des frères Larrieu, donc plutôt centré sur les Pyrénées, même si sur l'ensemble de son intrigue, on voyage: Pays Basque, Toulouse, le Lot, et même Paris, Taïwan et le Canada...
Biarritz: l'écrivain Robinson Laborde se réveille, on est en juillet et le monde est en proie au chaos. Plusieurs virus déciment la planète, les gouvernements sautent les uns à la suite des autres, et tout se rationne: la libraire, Ombeline, lui fait comprendre qu'il n'y a plus de papier, alors pour raconter son étrange histoire il va lui falloir remplir les espaces libres d'un recueil de recettes de cuisine... Il raconte donc au spectateur: comment il a rencontré, en vacances à Biarritz avec sa famille, une jeune Espagnole irrésistible, comment il a prolongé son adultère au-delà du raisonnable, puis a quitté son épouse. Comment enfin il a perdu sa main au cours d'un rocambolesque séjour dans le Nord Canadien. Mais pendant qu'il nous raconte tout cela, la situation se dégrade toujours un peu plus: les Pyrénées Atlantiques ne sont plus sûres, il va lui falloir passer la frontière pour rejoindre Bilbao puis Saragosse, où l'attend, peut-être, sa fille...
Robinson... Le nom, dès le départ, place Mathieu Amalric en survivant potentiel, ou en tout cas comme quelqu'un qui sera solide. Et effectivement, il en faudra beaucoup pour en venir à bout, et les péripéties ne manquent pas! Karin Viard (elle joue l'épouse de Robinson) a beau mentionner qu'on "baise beaucoup quand ça va mal", il est assez rare que les uns et les autres puissent vraiment finir de pratiquer cette saine activité, tant les explosions, attentats, tremblements de terre, attaque chimique et pluie de cendres (les incinérateurs fonctionnent à plein régime) sont omniprésents. Sinon, il est en constante recherche de Laetitia (Omahyra Mota), qui pour moi est le maillon faible du film: belle, constamment nue, avec autant de substance qu'nue James Bond Girl, et profondément désagréable par sa superficialité revendiquée. Mais on est en pleine allégorie, et elle s'appelle Laetitia, donc autant considérer qu'on est ici, au milieu de cette apocalypse, en pleine recherche égoïste du bonheur, car c'est bien de ça qu'il s'agit. dans le chaos, le monde se perd et plus personne ne roule pour qui que ce soit d'autre que soi-même...
L'ironie est omniprésente, bien sûr, dans ce portrait d'un monde qui meurt de tout sauf de sa belle mort, mais je pense qu'il tient un peu de la performance, voire du tour de force: les frères Larrieu ont non seulement mis leurs chères Pyrénées à l'honneur, mais ils ont aussi, sans excès d'effets spéciaux, réinventé tout un territoire Européen, de Paris à Saragosse, qui est en proie au chaos: panique, bouchons, explosions, nuages louches, eau fluorescente, cadavres dans les rues, et l'inévitable partouze dans un château près de Cahors.
Sans oublier le clou du spectacle: un homme et une femme tout nus dans la fraîcheur Parisienne matinale.
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