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22 octobre 2021 5 22 /10 /octobre /2021 17:10

C'est en 1942 que le président Franklin D. Roosevelt s'est adressé à la nation Américaine pour souligner l'héroïsme (presque) ordinaire de certains Américains: à cette occasion, il a cité le cas intéressant du Dr Wassell, un scientifique qui s'était engagé, et avait conduit un groupe de prisonniers réputés intransportables depuis Java jusqu'en Australie, les sauvant tous: un exemple à suivre... Un exemple qui a fasciné Cecil B. DeMille, pourtant peu familier des récits guerriers, au point qu'il a voulu en faire un film.

Nous suivons donc, dans une chronologie bouleversée, les aventures du Dr Wassell (Gary Cooper), qui semble plus ou moins revenu de tout, hanté par un amour impossible, et qui dès la première scène, croise celle qu'il a laissée partir. Elle reviendra dans l'intrigue, et pas qu'un peu: pendant que la guerre s'approche et que le Dr Wassell doit faire face à la destruction méthodique de l'hôpital où il est le principal officier, les évocations de son passé refont surface sans crier gare, soit par ses propres souvenirs, soit par ceux narrés par des tiers...

C'est formidable: en transposant son savoir-faire hérité du muet dans une intrigue située en pleine guerre, DeMille semble se réinventer, en évitant pour une fois de chausser des gros sabots. Ce qui fait le prix du film, ce n'est pas un héros qui revisse sa casquette, c'est un homme qui a été embarrassé d'obéir à un ordre, parce qu'il n'a pas sur comment dire la vérité à ses hommes. Un humain, quoi, célébré, adoré, et constamment évoqué par des dizaines de personnages, tous développés (comme c'est, ou plutôt ce sera, la tradition dans ce type de récit choral): le marin devenu aveugle, l'infirmière Hollandaise dévouée corps et âme, le blessé qui va survivre grâce à elle, et tomber amoureux d'elle, l'infirmière locale qui décide suivre un main chez lui, etc... Chacun semble exister, au milieu d'un bric-à-brac où le géant du muet semble montrer comment il se propose de reconstituer la guerre en studio... Après tout, une bonne part du film est située dans des hôpitaux, sur des bateaux, voire des embarcations de fortune.

Et si son film fait parfois penser au merveilleux One of our aicraft is missing, de Michael Powell et Emeric Pressburger, il semble aussi annoncer Objective Burma, de Raoul Walsh, avec sa fuite quasi obsessionnelle vers la survie. Et ça, ce n'est pas rien... Rien que pour ça, ce film foisonnant qui prend son temps, et évite du même coup la plupart des sales petites manies de son auteur, est une vraie petite merveille.

 

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Published by François Massarelli - dans Cecil B. DeMille