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3 janvier 2022 1 03 /01 /janvier /2022 18:19

Zürich, années 50 : le fils d’un procureur surprend chez lui une visite du père d’un ancien condamné, Léonard Maurizius (Daniel Gélin), que son père (Charles Vanel) a envoyé en prison. Il l’interroge, et s’intéresse de plus en plus à l’affaire de meurtre qui date d’une vingtaine d’années auparavant, et en acquiert la conviction de l’innocence du condamné… Remontant la piste, le jeune Etzel Andergast (Jacques Chabassol) s’acharne et retrouve certains protagonistes du drame…

Bien sûr, c’est une histoire embrouillée, et pourtant on pourrait se dire qu’elle tient à peu de choses, voire à rien, puisqu’il semble établi dès le départ que la balle supposée avoir été tirée par Maurizius pour tuer son épouse de face, a été en fait tirée de derrière la malheureuse, l’abattant dans le dos. Mais l’idée selon laquelle le condamné aurait pâti d’un acharnement particulier est ainsi renforcée… Duvivier s’intéresse ici à la justice et à ses ramifications, à ses obsédés aussi, comme ce jeune garçon frêle et obsédé de justice, justement (dans la première scène, on le voit se dénonçant en classe pour une faute qu’il n’a pas commise, afin de prendre sur lui le poids du châtiment !)…

Le personnage est intéressant, mais il semble que Duvivier ait choisi Chabassol justement pour son côté fragile et hésitant, et Etzel Andergast s’en ressent. Le film est souvent passionnant par l’idée de la recherche d’une vérité passée comme étant un dédale sans fin, situé dans des décors volontairement réduits à l’essentiel (avec des murs noirs), une superbe idée de Max Douy et Duvivier. Le casting, dominé par Gélin et Vanel même si celui-ci est amené à jouer un rôle mineur, est aussi l’objet de plusieurs problèmes, le moindre n’étant pas la femme fatale incarnée ici par Eleonora Rossi Drago, qui interprète la sœur de l’épouse de Gélin, et sur laquelle pèse une noire menace. D’ailleurs, quand cette menace s’incarne en Anton Walbrook, on est également déçus : l’immense acteur de Michael Powell, cette fois, en fait trop…

Mais c’est un film foncièrement différent des autres films noirs du genre, de ceux de Duvivier notamment. Une plongée noire dans les arcanes de la justice, de son fonctionnement, et de ses à-côtés sordides…

 

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Published by François Massarelli - dans Noir Julien Duvivier