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  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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2 janvier 2022 7 02 /01 /janvier /2022 13:45

Dans ce film adapté d'un roman paru en 1932 de Peter de Mendelssohn, un pensionnat de jeunes orphelins ou de garçons dont les parents voyagent, accueille Vincent, un nouveau pensionnaire qui fascine pratiquement tout le monde: il vient d'Argentine, et joue de la guitare en chantant "dans une langue qu'on ne comprend pas"; il semble avoir un fluide avec les animaux, il est fort, et il est beau... certains le prennent en amitié, c'est le cas de Manfred, l'un des plus grands élèves; d'autres s'en méfient, c'est le cas des "Brigands", un groupe de jeunes écervelés qui ont surtout retenu de la culture romantique le goût du secret et des confréries baroques. Ils se font appeler "les cruels", et rêvent d'un absolu de courage et de force, mais les autres les appellent "les Loufoques". Et puis il y a Lise, la nièce du directeur, qui est subjuguée par Vincent, au point de se donner à lui... Mais il refuse.

C'est qu'il a vu mieux, ou plus étrange: à l'autre bout du lac qui jouxte la propriété, et sur lequel les garçons aiment passer leur temps libre, il y a une maison mystérieuse, et certains la disent hantée. Mais Vincent qui s'y est rendu, a bien vu, lui, le Chevalier qui l'habite et sa mystérieuse filleule, Marianne, dont il est tombé amoureux...

On n'a pas l'air d'aller beaucoup en cours dans cette institution pour jeunes garçons. Et on n'y pense pas trop aux filles non plus: Lise (Isabelle Pia) semble ne générer qu'indifférence auprès d'elle, et à part Marianne qui ne sera vue que par Vincent, il n'y a pas l'ombre d'une autre présence féminine. On y goûte l'amitié masculine, parfois sublimée, qui parfois se mérite (pour devenir un membre des Brigands, il faut tuer un animal): c' est l'une des clés du film, qui cache derrière une atmosphère lourdement inspirée (décors, motifs, valeurs...) du romantisme Allemand, un sous-texte homosexuel assez marqué. C'est sans aucun caractère négatif, et c'est un aspect dont on peut aussi se passer, comme les innombrables lectures lesbiennes de Picnic at Hanging Rock ne sont qu'une option de lecture...

Le film est surtout l'occasion pour Duvivier de jouer sur deux tableaux, d'une part (le titre est ô combien explicite) l'initiation à l'amour et son souvenir, et d'autre part, une incursion très intéressante et rare chez lui, dans le fantastique. Comme dans La chambre Ardente où le réalisateur se refusera à imposer une marche à suivre, l'expérience de celui (Pierre Vaneck) qu'on appelle l'Argentin peut tout aussi bien être le rêve éveillé de celui qui trompe son ennui en recréant sa mère, qu'une rencontre avec l'au-delà à la manière de Contes de la lune vague après la pluie, de Mizoguchi, ce sublime film de fantômes paru quelques années auparavant... ou qu'une vraie rencontre avec des nobles un peu excentrique. A vous de choisir.

Il existe une autre version du film, avec une bande-son Allemande: le film a été partiellement interprété par les mêmes acteurs (la française Isabelle Pia, l'Allemande Marianne Hold et certains des jeunes pensionnaires étaient les mêmes, mimant le texte d'une des deux langues et parlant l'autre). Si l'Argentin "français" était Pierre Vaneck, c'est Horst Bücholz qui tenait ce rôle dans la version Allemande. Tous deux débutaient...

 

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Published by François Massarelli - dans Julien Duvivier