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Les Quatre Diables, des acrobates, sont deux garçons et deux filles, issus de deux fratries différentes, et élevés jusqu'à devenir des artistes talentueux par un père adoptif particulièrement pointilleux... Ils sont très unis, mais avec l'arrivée de l'âge adulte, les ennuis commencent: l'une des deux jeunes femmes, Aimée (Margarethe Schlegel), ressent un amour d'autant plus troublant pour Frederick (Ernest Winar), qu'il ne semble pas se soucier d'elle. Par contre, il est tombé amoureux d'une comtesse qui ne rate pas une seule des représentations, et qui l'a invité à la rejoindre dans sa maison... Frederick en revient épuisé par l'amour, mais commence lors des entraînements à ressentir un vertige qui l'inquiète beaucoup, et ses partenaires également: c'est que pour une soirée de charité très en vue, ils vont effectuer leur numéro de trompe-la-mort sans aucune protection...
Sandberg est en délicatesse avec la compagnie Nordisk Film de Copenhague au moment où il effectue ce film, tourné à Leipzig et à Berlin pour un distributeur Allemand. Il vient de compléter son film le plus ambitieux (tourné en 1918, monté en 1919, et qui ne sortira qu'en 1921), une adaptation de Our mutual friend de Dickens, et doit batailler sur le montage, l'exploitation et tout un tas d'autres choses. On remet en cause sa position au sein de la compagnie, qui lui permettait de mettre en scène des grands sujets sans interférences... Le choix du film tourné en Allemagne est assez ironique, puisque Les quatre diables avait déjà été un énorme succès en Europe en 1911, sous pavillon Danois! C'était une production de Robert Dinesen, adaptée du roman de Hermann Bang, et qui allait ensuite fournir la base d'un film de Murnau aujourd'hui disparu, réalisé à la Fox en 1928...
Mais Sandberg, dont le style passe-partout s'adaptait assez bien à tous les environnements, en fait un film totalement nocturne, dans lequel il focalise toute son intrigue sur l'âge adulte de ses protagonistes, contrairement aux deux autres adaptations qui proposeront l'histoire en séquence, en commençant par la jeunesse difficile sous la protection mais aussi la férule du clown Cecchi: ici, ce ne sera qu'un flash-back occasionné à Frederick par le répit que lui accorde la "comtesse", et qui aura pour effet de le priver de sa capacité à braver le vide: une métaphore de l'impuissance comme le cinéma des années 10 et 20 les aimait, à la fois subtile et riche en clichés... La copie disponible (retrouvée en Uruguay) laisse assez peu de chances de voir la beauté de la photographie, et est probablement fragmentaire. Sandberg avait-il lui même recentré son film sur les deux personnages tragiques, ou est-ce dû à un remontage (la copie est en 16 mm, et à de nombreuses reprises, on sent des trous dans l'intrigue, avec des flash-backs manquants, de toute évidence)? Nous ne pouvons pas le savoir. Mais en l'état, ce film, un chaînon manquant de la carrière d'un des cinéastes les plus grand public du cinéma danois, reste intéressant, avant qu'une meilleure copie ne soit disponible, au DFI par exemple?