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A Marseille, la rivalité de bandits entre Justin, l'enfant du pays, et l'infâme Esposito, venu de Naples et qui tente de disputer à Justin sa domination bonhomme et tranquille du vieux port, prend des proportions inquiétantes...
D'un côté, la bande de Justin (Berval), qu'on ne verra pas beaucoup commettre de crimes, et de l'autres, les affreux représentés par Esposito (Alexandre Rignault), qui sont beaucoup plus montrés en situation. Le propos de Carlo Rim est dès le départ assujetti à une forme de folklore local Marseillais, qui nous donne un peu l'impression d'assister aux aventures d'une sorte de Robin de Bois local! C'est discutable, mais ce n'est pas le sujet: on est plus ici dans une sorte de chanson de geste, assez tendre et même occasionnellement picaresque (je rejoins totalement Christine Leteux qui dans son excellente biographie du cinéaste compare la "guerre" entre Esposito et Justin, à la rivalité détaillée par d'autres canailles dans The Bowery de Raoul Walsh): Justin et ses copains, ce sont des braves gars, un peu coquins sur les bords, mais si bons camarades...
Le film prend son temps avant de nous montrer Justin, permettant à Rim et Tourneur d'installer tout un univers: la police, qui compte les points (et occasionnellement les morts), les locaux, qui prennent à la galéjade toute tentative de moralisation officielle de la situation, mais aussi les braves gens qui ont pour la plupart choisi leur camp: ils aiment leur Justin, quoi... Un personnage récurrent, celui d'un journaliste venu d'ailleurs, renvoie à Carlo Rim lui-même, et une sous-intrigue qui déplace adroitement les notions de légalité et d'illégalité vers la morale elle-même, permet d'accroître la sympathie à l'égard de Justin: un jeune Italien, Silvio (Armand Larcher), séduit la jeune Totone (Ghislaine Bru), qui n'a pas compris qu'il va la mettre sur le trottoir, et même pas Marseillais: on pense plutôt à de l'exotique... Quand elle se rend compte de la situation la jeune femme va finir par demander la protection de Justin.
Une scène souvent commentée du film est basée sur une idée à la Scarface: un convoi mortuaire est le prétexte d'une importante opération de contrebande, pour Esposito qui déplace ainsi une quantité importante d'opium, sans avoir consulté Justin et son allié Chinois: le suspense et la farce se mélangent dans une séquence excellente, et qui montre bien qu'on est finalement dans un univers plus baroque que celui de Duvivier pour Pépé le Moko... Mais cela montre aussi que Justin, tout Robin des Bois qu'il soit, se mêle aussi de trafic de drogue...
Je parlais de Scarface, tout à l'heure, il est intéressant de noter que le film y fait directement allusion dans son dialogue. Mais c'est bien d'un film français qu'il s'agit, qui évite constamment le bavardage, et qui nous donne droit à une belle plongée dans la pègre Marseillaise, avé l'accent, qui en fait un superbe classique, l'un des meilleurs films de son auteur. Un film dans lequel les gangsters iront, pour certains, au bout de leur destin, mais qui nous montre 'une vérité tellement belle qu'on la prend pour un mensonge'... en quelque sorte.
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