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Une jeune femme arrive dans le quartier noir d'une petite ville Sudiste; on ne la reconnaît d'abord pas, mais sa grand-mère (Ethel Waters) ne peut s'y tromper c'est Patricia (Jeanne Crain) dite Pinky en raison de sa couleur très proche de celle d'une blanche: au point que durant sa scolarité, dans l'école où elle a appris le métier d'infirmière, elle a, involontairement d'abord, trompé son monde, et s'est faite passer pour ce qu'elle n'était pas. Mais dans le Sud, elle ne tardera pas à retrouver sa place et les ennuis qui vont avec...
Mais sa grand-mère, qui s'est prise d'amitié pour sa voisine (Ethel Barrymore), une vieille dame excentrique qui vit dans une plantureuse maison à l'ancienne, et qui a la réputation d'être très raciste: Pinky, pour faire plaisir à sa grand-mère, accepte de devenir l'infirmière de Miss Em...
Le film me semble plus célèbre pour ce qu'il n'est pas que ce qu'il est: systématiquement, il est fait mention de la participation de John Ford au tournage, mais il a été remplacé par Kazan après seulement une semaine, et même si je ne croyais pas l'écrire un jour, on peut se réjouir du changement de réalisateur: d'une part, Ford aurait sans doute été incapable de conférer la moindre vérité à ses acteurs Afro-Américains; d'autre part, Kazan qui sortait d'un autre film polémique sur les préjugés ethnique (Gentlemen's agreement, 1947) était clairement le meilleur choix.
Son film évoque donc aussi clairement que possible, sans jamais citer le KKK, la situation des petites bourgades de Louisiane, qui sont sous la coupe d'une loi et de moeurs racistes, avec des patrouilles de police qui surveillent littéralement les moindres faits et gestes des noirs. Pinky, qui a le culot de ressembler à une blanche, excite bien plus encore les grincheux, et quand elle hérite d'une maison, le sang de la population ne fait qu'un tour. C'est un beau film, et Kazan joue à merveille de la richesse des échanges entre Jeanne Crain et Ethel Barrymore... Il y a aussi une volonté de fuir la facilité, et le renoncement (le petit ami nordiste et blanc qui suggère à Pinky d'oublier ses origines, et qui lui même finit par trahir un certain racisme), mais le film a quand même deux défauts...
D'une part, son juge vertueux et anti-raciste: s'il a raison de dire qu'un procès gagné par une noire risque de relancer la haine à l'égard de la communauté et de précipiter les noirs dans une ségrégation encore plus violente, reste un voeu pieux: en Louisiane, en 1949, il fallait probablement faire partie d'une société secrète mais célèbre pour prétendre devenir juge (un poste politique aux Etats-Unis, on s'y fait élire juge); et bien sûr, Jeanne Crain en afro-américaine... Difficile à croire, bien sûr.
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