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Christine de Guérandes (Marie Bell) vient de perdre son mari, avec lequel elle vivait dans une demeure grand luxe au bord d'un lac alpin et Italien. Avec tristesse et méthode, elle se débarrasse en compagnie d'un ami de ce qui était jusqu'alors sa vie, faite de luxe, et probablement d'un grand nombre de compromis: elle l'admet elle-même, elle n'aimait pas son mari. Durant le débarras, elle retrouve un petit carnet de bal, souvenir d'une sortie glorieuse de ses 16 ans durant laquelle elle avait dansé avec un certain nombre de prétendants. Elle décide de les revoir et de reprendre les choses là où elles s'étaient arrêtées 20 années auparavant...
La quête commence mal: le premier qu'elle visite est mort depuis 18 ans, ce qu'elle ignorait puisque sa mère, devenue folle (Françoise Rosay) a sombré dans la démence avant d'envoyer les faire-parts de décès... Mais si certains sont morts, elle va quand même en revoir un certain nombre: un ancien avocat, rayé du barreau et devenu un caïd de la pègre (Louis Jouvet), un ancien virtuose devenu moine dominicain (Harry Baur), un guide de haute montagne (Pierre-Richard Willm), le maire d'un tout petit village provençal (Raimu), un médecin abimé par un séjour colonial, devenu avorteur clandestin (Pierre Blanchar), un coiffeur enfin (Fernandel), qui n'a pas bougé de chez lui et va amener Christine sur les lieux de son mythique bal...
On penserait volontiers qu'un film comme celui-ci, possédant comme on dit les défauts de ses qualités, est forcément entièrement soumis à la qualité de ses segments, puisque Duvivier et Jeanson ont structuré le tout sur la recherche fébrile des traces de sa jeunesse par Marie Bell... Et bien sûr, le talent des interprètes fait beaucoup. Marie Bell est assez terne, mais sans être atroce (il faut juste un temps pour se faire à sa diction "grande dame des années 30"...); chacun de ses partenaires est évidemment un acteur de premier plan, et certains sont d'authentiques monstres sacrés, donc il y a de fort beaux moments. Il y a aussi des moments très embarrassants, l'un des pires étant le segment avec Pierre Blanchar: Duvivier y abuse de sa manie de signifier par des placements de caméra de Guingois le sordide d'une situation, et Blanchar en fait des tonnes.
Par ailleurs, le film offre malgré tout une intéressante réflexion sur la croisée des chemins, et un difficile choix pour l'interprète principale: certes, c'est une bourgeoise totalement blindée, qui a passé sa vie dans une tout d'ivoire, mais c'est aussi et surtout une dame qui a soudain le sentiment d'être passée à côté de sa vie, et d'avoir gâché sa jeunesse avant de la quitter. Elle va découvrir qu'en plus elle est contagieuse, puisque elle a manifestement aussi gâché la vie de tous ses anciens amoureux!
Ce film ô combien ironique et méchant se résoudra malgré tout dans un compromis riche en possibilité, avec une apparition de Robert Lynen, le jeune acteur de Poil de Carotte (1932). Un compromis, mais un sentiment évident que la fête est finie pour le personnage principal: une thématique qui rejoint d'autres films sur le souvenir et le douloureux passage des ans chez Duvivier.
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