Deep water (Adrian Lyne, 2022)

Un couple au-dessus des contingences matérielles, vit dans une spirale de fêtes et de sorties: Vic (Ben Affleck) est un très jeune retraité des technologies de pointe et Melinda (Ana De Armas) trompe son ennui en flirtant, voire plus, avec tout homme qui la séduit. L’entourage de son mari le prévient, mais il reste, apparemment, calme… Ce qui ne l’empêche pas de dire, pour faire peur à un des prétendants de la jeune femme, qu’il en a déjà tué un.

Jusqu’au jour où, lors d’une fiesta bien arrosée, un homme meurt noyé dans une piscine, et la dernière personne à l’avoir vu vivant est justement Vic…

Le roman de Patricia Highsmith a déjà été adapté par Michel Deville en 1981 avec Jean-Louis Trintignant et Isabelle Huppert; celui-ci n’est pas vraiment un remake, on boit bien que Sam Levinson, le scénariste, est parti directement du roman. Le fait d’en confier la mise en scène à Adrian Lyne est intéressant, en soi, puisque c’est un réalisateur marqué par sa participation aux années 90, dans la case du thriller sulfureux.

Mais du coup, ça limite non seulement la portée d’un film qui se voulait probablement hitchcockien (comme dans Strangers on a train, Highsmith a imaginé une intrigue policière du quotidien, dans laquelle l’intervention des forces de l’ordre est presque accessoire, ce qui en fait une histoire potentiellement marquée de notions de morale face au meurtre, donc un terreau extrêmement Hitchcockien), mais ça limite aussi aussi les possibilités de la mise en scène qui en devient très fonctionnelle avec ses passages obligés, sa dose (légère, on est devant un film Amazon) de scènes de sexe et d’érotisme (on est loin des pires moments de la (mauvaise) réputation du metteur en scène, en fait) en fait un pur produit de série. Et l’argument qui consiste à voir le film parce que le tâcheron qui l’a réalisé n’avait pas tourné depuis 20 ans me paraît un peu injustifiable!

Inévitablement, on pense: et si David Fincher…? Mais à quoi bon? Restent un film poussif mais distrayant, et quelques éléments de frustration, Ben Affleck, qui s’en sort assez bien, Ana De Armas, qui vaut bien plus que son personnage d’irritante épouse frustrée (mais de quoi, au fait?), et Kristen Connolly, criminellement sous-employée en voisine. Pas de quoi se relever la nuit pour aller dans la piscine, en fait.