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Un marchand emprunte à un usurier, Shylock, de l'argent mais ne peut rembourser ses dettes: Shylock qui a subi la moquerie de ses concitoyens décide de le pousser selon la loi à lui donner justice, ou il devra payer en donnant sa vie... Parallèlement, Shylock doit faire face à la décision de sa fille Jessica (Francesca Bertini) qui a fui avec un Chrétien...
Cette pièce qui nourrira toujours les pires discussions sur l'ambiguité à cause même du personnage de Shylock, un juif représenté avec toute la panoplie de ce qui peut alimenter l'antisémitisme, est un cas d'école: une comédie qui vire au drame, ou un drame citadin traité à la farce, on ne sait plus trop... Avec son ambiguité déjà mentionnée, la personnage de Shylock est devenu l'un de ces rôles du répertoire Shakespearien qui vous font un acteur, et le personnage a un monologue célèbre consacré, précisément, à sa nature humaine (If you prick us, do we not bleed? If you tickle us, do we not laugh... etc)... Inévitablement absent ici.
Le film, situé et tourné à Venise (ce qui est, il faut le dire, un sacré bon point pour le film) est une production de la branche Italienne de la compagnie Le film d'Art, propriété de Pathé à l'époque: Il Film d'Arte Italiano s'est fait une spécialité de productions ambitieuses, dont plusieurs adaptations de pièces de Shakespeare. Gerolamo Lo Savio y présente une jeune actrice appelée devenir l'une des plus importantes actrices de la période, Francesca Bertini, dont le jeu généralement tout en intériorité (moins ici, toutefois, elle est encore à ses débuts) contraste furieusement avec le style outré de Ermete Novelli, qui interprète un Shylock de comédie... Mais qui fera encore pire dans Re Lear la même année!
Le film, conformément aux habitudes de Pathé et aux goûts du public Italien, est sorti dans une version colorée au pochoir, et des copies partiellement affublées de ces teintes ont survécu.