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13 mars 2022 7 13 /03 /mars /2022 11:32

C'est toujours assez difficile, en 2020 et au-delà, d'imaginer qu'on ait pu se contenter aux débuts du cinéma, d'une dizaine de minutes pour filmer Shakespeare... Mais les tout premiers temps, après Lumière et Edison, partaient d'une illustration encore plus austère, limitée le plus souvent à des vignettes de moins d'une minute. En élargissant le propos sur une bobine entière, les cinéastes pionniers pouvaient au moins, d'une part, rendre compte des pièces qu'ils adaptaient de façon plus riche, ou d'autre part se permettre de montrer quelques scènes élaborées qui résumaient à elles seule toute la saveur d'une oeuvre. Tous les exemples de ces réductions auront de toute façon pour effet de ne montrer qu'une vision très incomplète, notamment mais c'est une évidence, privée de son élément souvent le plus reconnaissable: le dialogue.

Cette Tempête de 1908 est une production d'une bobine entière, dont les noms des acteurs ne sont pas connus (du moins pas par moi) et provient de Grande-Bretagne. Le propos y est clairement de résumer la pièce en choisissant un certain nombre de scènes-clé, et en même temps de profiter des moyens du cinéma pour concurrencer efficacement le théâtre. Ainsi le film est-il majoritairement tourné en décors naturels, incluant à plusieurs reprises la mer, bien sûr, un avantage certain pour cette adaptation de ce qui est l'un des derniers chefs d'oeuvre du barde... L'original montre la confrontation sur une île lointaine, des rescapés d'un naufrage, et du mystérieux Prospero, un magicien qui va tout faire pour séparer les rescapés du naufrage, afin de se protéger, et de protéger sa fille... Le film se décompose en tableaux qui illustrent la pièce: comme souvent avec ces courtes adaptations, la connaissance de la pièce de Shakespeare est un plus.

L'un des moments les plus intéressants est la vision magique d'un naufrage, par Prospero, qui est dans on repère. Le mur de sa tanière disparaît et on voit, à travers, la mer sur laquelle une maquette en surimpression nous permet d'assister au naufrage: les moyens du cinéma pour étendre l'univers narratifs sont ici mis à profit d'une manière très originale.

 

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Published by François Massarelli - dans Muet Shakespeare