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3 avril 2022 7 03 /04 /avril /2022 08:42

Une bande de malfaiteurs se fait passer pour un quintet à cordes afin d'aller "répéter" chez une vieille dame qui habite juste à côté de la gare de King's Cross à Londres: leur objectif: attaquer un transport de fonds... Le plan a été conçu dans ses moindres détails, sauf sur un point: Mrs Wilberforce, le chef du gang s'en apercevra bien vite, est en réalité un adversaire redoutable...

Le succès de ce film, production des studios Ealing dont c'est à n'en pas douter l'un des fleurons, s'explique aisément: un cadre parfaitement défini, un casse à accomplir, des personnages aux caractères parfaitement établis, et une solide dose d'excentricité Britannique, qui repose pour une large part sur ses protagonistes, justement: d'un côté, le "Professeur" Marcus (Alec Guiness), ou le loup déguisé en agneau, est un bandit de la pire espèce, qui projette aisément une attitude respectable qui peine à cacher sa duplicité et sa scélératesse... Avec lui, une belle bande de bras cassés, parmi lesquels le "major" (Cecil Parker), un type qui lui aussi a l'air respectable, mais a certainement "vu du pays"; Harry Robinson (Peter Sellers) et son accent cockney, qui fait le dur mais confesse assez facilement qu'il a peur des petites vieilles; "One Round" (Danny Green), boxeur raté que, sans doute, un uppercut bien placé a mis hors jeu et ses neurones avec; enfin, le gangster pur et dur Louis Harvey (Herbert Lom), apparemment le plus dangereux, mais qui semble avoir des réticences en dépit de ce qu'il dit à tout bout de pellicule, à tuer une vieille dame...

Et justement, face à eux, Katie Johnson campe avec génie une octogénaire avec une légère araignée au plafond, qui vit dans sa petite maisons, ses souvenirs, en compagnie de ses perroquets. Elle a deux habitudes: d'une part, celle d'oublier son parapluie partout où elle se rend; d'autre part, celle d'alerter le commissariat local à la moindre occasion, le résultat étant que les policiers la considèrent tous comme atteinte de folie douce, et ne la croient plus... Y compris quand elle vient pour rendre l'argent d'un casse.

La confrontation entre ces gens, le choc historique entre une bande très Londonienne de malfaiteurs ratés et une vieille dame d'un autre âge (qui se souvient de la mort de la Reine Victoria, car la souveraine est décédée justement alors qu'on fêtait le 21e anniversaire de la future Mrs Wilberforce...) et qui elle aussi fait partie d'une redoutable bande: des vieilles dames gâteuses qui font, décidément, très peur aux bandits! 

Mackendrick joue à fond la carte de ce décalage, dans une narration à distance, qui souligne aussi bien le farfelu de la situation, la gentillesse de l'hôtesse, la façon dont ses "musiciens" (qui ne jouent pas plus de violon que moi de la vielle à roue) s'installent chez elle sans jamais y paraître à leur place, et l'avancée méthodique d'un destin qui sera fatal à cinq personnes. Chaque événement est narré comme s'il s'agissait d'un conte, sans aucun drame ni spectaculaire: il y a beau avoir un hold-up et des morts violentes, Mackendrick nous raconte essentiellement l'expérience avec le rythme imposé par une vieille dame un peu fofolle...

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Ealing