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Arrivés sur place dans un de ces gros vans avec lesquels les Américains vont sur la route, deux soeurs adultes et leur jeune frère vont participer à un rassemblement de militants contre la peine de mort, réunis autour d'une exécution. Le camp d'en face, drapé dans sa dignité et ses oeillères, est là aussi. On les verra souvent répéter ce type d'excursion... Lucy (Ellen/Elliott Page), la plus jeune des deux soeurs, est mal dans sa peau. Il est vrai qu'avoir son père (Elias Koteas) à Death Row dans l'Ohio, accusé du meurtre de sa mère, n'est pas chose facile, mais les trois enfants résistent à l'abattement, d'autant qu'elles le croient innocent.
Mais Lucy fait la connaissance d'une jeune femme, du camp d'en face: une jeune avocate de très bonne famille, Mercy (Kate Mara), dont le père a perdu son meilleur ami, tué par un déficient mental, celui dont l'exécution a lancé l'intrigue... Et les deux jeunes femmes sont clairement attirées l'une vers l'autre. Pas nouveau pour Lucy (une de ses amies lui dit avec une hilarante candeur "je n'ai dit à personne que tu étais une perverse"), mais pour Mercy, élevée dans une famille très religieuse de l'Illinois, en revanche, c'est un tournant inattendu. Les deux amoureuses vont donc se rencontrer au hasard des exécutions, avec parfois un peu de conflit, mais aussi du dialogue et enfin énormément de tendresse. Jusqu'à ce qu'un avocat annonce une très mauvaise nouvelle aux deux soeurs...
C'est un film étonnant, qui part d'un principe assez courant dans le cinéma dramatique Américain contemporain: un mélange totalement inattendu des genres... Qui est motivé d'abord par l'étendue des sujets abordés par le film, entre la douleur de devoir gérer un héritage aussi lourd qu'une mère poignardée et un père qui va être exécuté, et l'étude des rapports complexes entre l'Amérique et sa peine de mort, qui voit régulièrement s'affronter deux camps irréconciliables. Le fait d'imaginer un amour authentique, immense et dévastateur entre deux représentant(e)s des deux camps peut aussi renvoyer à Romeo et Juliette, qu'être considéré compte tenu de la présence de la peine de mort dans l'équation comme une innovation en soi!
Mais au-delà de l'exploration magistrale de la difficulté à vivre une sexualité différente dans un milieu hostile (Ellen Page est fantastique, dans un sujet qui lui correspond totalement évidemment) ou d'assumer soudain une orientation qu'on n'avait pas vu venir, dans un milieu qui ne sera jamais prêt à l'accepter (Kate Mara, dont le point de vue du personnage reste secondaire par rapport à celui de Lucy), au-delà aussi d'une chronique douce-amère d'un amour plus interdit mais pas encore totalement et facilement vivable (l'alchimie des deux actrices est évidente), le film parle aussi de différences sociales, ce qui finit d'ancrer cette intrigue dans la douloureuse Amérique contemporaine.
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