Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
18 juin 2022 6 18 /06 /juin /2022 18:58

Quelques étapes de la vie de Marième (Karidja Touré), dite Vic, une jeune fille de la banlieue Parisienne, qui vient déchouer à sa deuxième tentative de classe de troisième: elle a trop à faire à la maison, entre un frère aux mains un peu trop lestes, et deux petites soeurs à superviser, la mère étant sinon absente, du moins inexistante: quand Marième lui dit qu'elle va entrer en seconde (ce qui bien sûr est faux), elle ne réagit pas... Dans ces conditions, Marième a besoin d'un échappatoire, et elle le trouve dans une "bande de filles", donc, trois inséparables copines à la vie à la mort qui survivent la déconvenue d'être des filles en banlieue, en s'adaptant, parfois au dépense des plus faibles... Ce qui implique de la tchatche, beaucoup même, mais aussi une certaine capacité pour la violence... 

Le film n'est pas La Haine, ou la chronique d'une nuit: c'est une histoire qui se déroule sur plusieurs mois, et essentiellement sur les mois d'été. On retrouve cet aspect dans les quatre longs métrages de Sciamma, d'ailleurs, qui s'intéresse clairement à ces périodes charnières dans la vie de personnes qui vont voir certains aspects de leur vie se révéler... On retrouve la dimension féminine, voire féministe, à travers aussi bien l'entraide que la rivalité entre les jeunes femmes. Une des plus belles scènes montre malgré tout une virée entre plusieurs bandes de copines, une vingtaine de filles de la banlieue qui vont toutes à Paris... C'est souvent le verbe haut, toute attitude dehors que les filles affrontent le monde.

Mais le film est surtout la chronique d'une inévitable chute, celle qui va pousser Marième hors du cocon familial, loin de son frère, pour affronter le monde le croit-elle, avec ses propres armes. Mais quand on deale pour un caïd de quartier, presque respectable du haut de ses trente ans, et que le spectre de la prostitution est là à attendre, on n'a pas ses propres armes. Le film est dur et prenant, mais jamais misérabiliste. Il limite les protagonistes aux seuls habitants des cités, le langage à cette étonnante version du français, et le destin des filles à deux possibilités: se marier et faire des enfants, ou...

Contrairement aux autres longs métrages de Céline Sciamma, celui-ci n'explore pas les possibilités liées à une autre sexualité, mais le doute reste permis dans la fascination de Marième pour Lady (Assa Sylla), celle qui mène son monde au début. Et Marième esquisse des mécanismes de défense quand elle deale, qui impliquent le fait de masquer son identité sexuelle: cela lui sera d'ailleurs reproché par son petit ami... Tout l'univers militant de la réalisatrice n'est donc, clairement, jamais très loin. Et les actrices, autant que les acteurs, sont fantastiques de vérité. Admettons, toutefois, que les acteurs sont quand même clairement relégués à l'arrière-plan, et n'ont pas du tout le bon rôle...

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Céline Sciamma