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Sur un paquebot de luxe, la belle Daïnah Smith (Laurence Clavius) échappe tous les soirs à son mari (il est prestidigitateur) pour se laisser faire au flirt de tous les mâles du bateau... Ca agace Mr Smith (Habib Benglia), bien entendu. Mais un soir qu'il fait particulièrement chaud, elle se promène sur le pont et fait la connaissance d'un mécanicien, Michaux (Charles Vanel). Ils parlent. Il s'enhardit. Il effectue ce qu'il considère comme une tentative de séduction, mais ça ressemble plutôt à une tentative de viol, et... elle se débarrasse de lui en le mordant. Elle retourne dans sa cabine, mais elle sait qu'il n'est pas loin: il prétend à qui veut l'entendre que c'est un chien qui l'a mordu, et qu'il va le jeter par dessus bord... Daïnah le sait et elle a peur.
C'est une cause célèbre, le deuxième film de Grémillon. Il avait souhaité tourner cette intrigue noire sur un vrai paquebot, en méditerranée, mais le résultat profondément expérimental, et particulièrement sulfureux, avait déplu aux producteurs, qui en ont trituré le montage, supprimant 25 minutes. Les 49 qui restent sont pourtant assez cohérentes, même si on sent bien que le film n'a pas vraiment d'exposition, réduite à l'essentiel, et si la brièveté confine parfois le film à l'anecdote. Grémillon s'est senti trahi, au point de refuser de signer au générique.
Laurence Clavius a été choisie pour sa plastique, pas pour son jeu. On est au début du parlant, et ça se voit, à travers la diction mal fichue de tous les acteurs, sauf Vanel bien entendu. Le sujet en lui-même, une confrontation entre le français, pour ne pas dire franchouillard, et une jeune métisse qui incarne à elle toute seule les supposés mystères insondables de la sexualité africaine (on sait à quel point ce genre de bêtises a pu enflammer les plus tordus des esprits à l'époque coloniale), est malgré tout traité avec tact, et avec une certaine ironie extérieure: il est clair, justement, que Grémillon ne partage pas ces fantaisies absurdes, et dans la confrontation entre Michaux et Daïnah, il est évident qu'il se place, et nous avec lui, aux côtés de la jeune femme. Pour Smith, c'est un peu différent: son personnage de mari jaloux en fait un cliché, et le montage lui donne beaucoup de place, au point d'en faire une solide menace.
Reste dans ces ruines d'un film (abusivement fêté un peu partout comme un chef d'oeuvre, je pense que c'est franchement exagéré) une mise en scène qui s'insinue dans les travées d'un paquebot, qui descend dans les machines pour un glorieux moment de cinéma muet (Daïnah visite, avec les officiers du bord, et elle aperçoit Michaux qui la met mal à l'aise: aucun dialogue n'est entendu à cause du bruit des machines), et qui éclate lors d'une scène de danse surréaliste: tout le monde à bord porte de grossiers masques, sauf Daïnah qui arbore une étrange grille de fer autour du visage...
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