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  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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23 juillet 2022 6 23 /07 /juillet /2022 21:52

Jean-Louis (Laurent Lafitte) a 42 ans, il est marié et avocat. Dans ces trois domaines, il sent qu'il y a quelque chose qui cloche: il ressent un certain désoeuvrement plutôt que le démon de midi (comme en témoigne un début de rencontre tarifée avec une jeune dame au bois de Boulogne, qui s'avère être un homme, ce qu'il n'avait pas vu venir), le mariage s'essouffle, et le métier bat de l'aile. Il ne semble plus vraiment convaincre ses clients. C'est ce moment que son coeur a choisi pour cesser de battre. Non qu'il soit mort, mais son coeur refuse obstinément de battre et de fonctionner, comme le lui confirme son ami Michel (Vincent Macaigne), le vétérinaire...

Conseillé par son épouse Valérie (Karin Viard), il va se confier à Margot (Nicole Garcia), une coach de vie un rien gourou sur les bords, qui voit tout de suite la solution: bien qu'il n'ait pas communiqué avec elle depuis 4 ans, il va lui falloir aller voir sa mère (Hélène Vincent) et... prendre son vagin en photo. Il a trois jours, sinon Margot (qui est redoutablement efficace, comme elle le prouve en devinant toute sa vie rien qu'en regardant un patient) prédit qu'il mourra... 

Laurent Lafitte, pensionnaire de la Comédie Française, a rédigé lui-même une adaptation de la pièce de Sébastien Thiéry. Si on excepte le fait que le film repose sur peu de personnages, et qu'il est construit en actes, il a aéré l'intrigue et on ne ressent pas trop cette origine théâtrale... Bien sûr, le sujet est propice aux débordements, mais si Lafitte se permet de provoquer avec aplomb, il reste quand même attaché à une comédie de caractères, avec des duos fabuleux (Lafitte-Viard, Lafitte-Macaigne, Macaigne-Vincent) et des trios hilarants (Lafitte-Macaigne-Vincent, mais aussi Lafitte-Viard-Garcia, dans des scènes allègrement dominées par cette dernière en gourou autoritaire!). Les scènes drôles sont accumulées, et la comédie est tempérée d'une part par le sujet plus grave qu'il n'y paraît, et par la justesse et le talent des acteurs.

Chez Jean-Louis, tout tourne autour de la peur du sexe féminin, symbolisé par l'absurde quête d'une photo d'une octogénaire qui n'avait certes pas demandé à être traitée comme elle va l'être à travers un série hallucinante de stratagèmes tous plus délirants les uns que les autres. Et Lafitte va au fond des choses, y compris dans une scène où pour pousser la mère à se déshabiller, le couple et leur ami accueillent la vieille dame dans le plus simple appareil... 

Mais au-delà de cette peur de la féminité, se cache un traumatisme plus profond (qui explique les allusions plus qu'insistantes au fait que Karin Viard, plus âgée que Lafitte, joue plus une mère de substitution qu'une épouse!): la faille de Jean-Louis, c'est en fait sa mère, et une scène de révélations toutes plus horribles les unes que les autres, nous l'expliquera. Bref, on n'a pas vraiment le temps de faire la fine bouche, même si au dernier acte, les provocations prenant la place des gags, le rythme se tasse un peu. Ca reste une belle surprise, pas si éloignée que ça des films d'un Dupontel qui lui aussi a traité du problème de la mère avec Le Vilain...

 

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Published by François Massarelli - dans Comédie Mettons-nous tous tout nus