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En 2016, dans les environs de Grenoble, une jeune femme quitte une soirée entre filles pour rentrer chez elle. Elle rentre à pied, parce qu'elle n'habite pas loin... Mais elle n'arrivera jamais chez ses parents: en chemin, elle est agressée par un homme, dont nous ne verrons pas le visage, qui l'asperge d'essence avant de l'enflammer avec un briquet. Une équipe Grenobloise de la Police Judiciaire est chargée de l'enquête. Très vite, celle-ci s'enlise pendant que les policiers qui doivent s'en charger s'impliquent plus avant, allant jusqu'à se mettre en danger.
C'est, à l'origine, un fait divers réel, qui a inspiré un livre sorti en 2020, 18.3, une année à la P.J., de Pauline Guéna. Un carton introductif nous a prévenu: l'affaire qui occupe les policiers, dans le film, ne sera pas résolue... En lieu et place, des possibilités, toutes aussi vraisemblables les unes que les autres, et toutes démenties par des alibis, des preuves, des impossibilités pour les suspects d'avoir été présents lors des faits, le 12 octobre de cette année là... Mais ce qui fait l'essentiel du film, c'est un mélange subtil et généralement chronologique et linéaire de narration de l'enquête dans toutes ses formalités, avec des personnages qui font leur métier à fond, mais aussi de ces petits riens qui font la journée d'un fonctionnaire de police. Des conversations sur des sujets divers, des copinages un peu inattendus, des vannes qu'on se balance en buvant des bières et des histoires de couples qui se défont... Et puis des photocopieuses qui refusent de fonctionner.
Parfois, une lueur d'espoir se manifeste, quand une juge plus pugnace que ses prédécesseurs relance l'enquête, ou quand une écoute révèle la fausseté d'un alibi. Et parfois on semble échouer à un cheveu, parce qu'un policier c'est aussi un être humain, et ceux qui s'occupent de cette enquête en finissent par ressentir une authentique colère.
Car dans le film, il se fait jour une réalité sordide: comme le disent deux personnages, pour l'un (Bouli Lanners) "C'est quoi cette obsession que vous avez, vous autres, de vouloir brûler les femmes?"; pour l'autre (Mouna Soualem) "Les hommes commettent les crimes, et les hommes enquêtent". Dans le film, le Capitaine Yohan Vivès (Bastien Bouillon) va vite se rendre compte qu'à part ses parents, il n'y a semble-t-il pas un seul homme, et peu de femmes, pour faire autre chose que de condamner la pauvre Clara, qui dans le film ne saura même pas pourquoi elle est morte, asphyxiée par la fumée générée par son corps incendié.
Tout en étant plus émotionnel que Zodiac (sans doute un modèle conscient pour Dominink Moll, mais il n'a absolument pas cherché à en imiter les contours), ce film sur l'obsession du crime, à la recherche de la vérité, dresse un constat effarant: le monde tourne mal, et en voici la preuve. D'emblée, un chef d'oeuvre hautement moral, à voir et revoir.
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