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Vienne, au XIXe siècle... Un meneur de jeu (Anton Walbrook) présente au spectateur une ronde de scènes, enchaînées par ses commentaires: une prostituée (Simone Signoret) décide de passer du bon temps avec un jeune soldat bougon (Serge Reggiani), qui ensuite est montré au bal négligeant une jeune femme (Simone Simon), qui par la suite devient la femme de chambre d'un beau jeune homme (Daniel Gélin), qui s'enhardit et fréquente une femme mariée (Danielle Darrieux). Celle-ci est vue conversant au lit de façon mélancolique avec son mari (Fernand Gravey) sur, justement, l'infamie des femmes adultères, puis on le voit occuper un salon privatif avec une jeune femme (Odette Joyeux) dans un restaurant. La jeune femme fait de son côté la rencontre d'un poète (Jean-Louis Barrault), qui la laisse ensuite pour une comédienne (Isa Miranda), et cette comédienne s'entiche d'un comte, pourtant bien nigaud (Gérard Philipe), et c'est le comte que nous verrons à la fin dans l'appartement de la prostituée...
Le meneur de jeu n'en fait bien sûr qu'à sa tête, intervenant ^parfois directement et commentant l'action; Anton Walbrook n'est doublé qu'à partir de sa deuxième intervention, sans explication aucune. Il est fidèle à lui-même, mais ce rôle perturbateur, qui révèle en permanence les coulisses de l'action au delà du quatrième mur, dans des décors souvent grossiers et factices, joue un peu contre le film, tout comme la musique inspirée de l'opérette Viennoise, avec ses choeurs. Comme toujours dans le cinéma français, on ajoute une narration pour jouer à être subtil et on se retrouve avec lourdeur et redondance...
Les acteurs sont évidemment excellent, d'autant que le film fait le plein de monstres sacrés qui sont tous à l'aise avec des rôles taillés sur mesure. Le ton est léger, et avec ces anecdotes de tout et de rien, il se dégage des rapports amoureux un mélange de frisson et d'un sentiment ironique d'inutilité totale. Les pantins du narrateur, en effet, sont tous condamnés d'avance à lâcher leur grand amour un jour ou l'autre... Et pour ma part le dialogue omniprésent tend à gâcher la flamboyance tournoyante de la mise en scène: c'est une adaptation d'une pièce de Schnitzler, l'auteur dont Lubitsch avait su tirer le meilleur (The marriage circle). Il est des classiques qui ne vous feront ni chaud ni froid... Ah, si Lubitsch... Non, rien.