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Trois nouvelles de Maupassant, mises en images: dans Le Masque, un médecin (Claude Dauphin) est appelé à se charger d'un mystérieux homme masqué, qui s'est écroulé durant une danse. Il découvre qu'il s'agit d'un vieillard, dont son épouse affirme qu'il a été un vrai bourreau des coeurs... Dans La Maison Tellier, des pensionnaires d'une maison de tolérance, accompagnées de leur patronne (Madeleine Renaud), se rendent en Normandie pour assister à une communion solennelle. C'est rare qu'elles puissent bénéficier d'une telle occasion de sortir, et en ville, devant a porte close, les clients fidèles sont décontenancés. Lors des festivités de communion, le frère de la patronne (Jean Gabin) fait une fixation sur la belle Rosa (Danielle Darrieux) au point d'en devenir inconvenant. Dans Le modèle, un peintre (Daniel Gélin) qui a commencé à vivre avec une jeune femme (Simone Simon) qui lui sert de muse, cherche à s'en débarrasser pour pouvoir se marier, mais elle est amoureuse et s'accroche...
C'est bien sûr un film divisé en trois segments, reliés de façon assez artificielle par une narration supposée être de Maupassant lui-même (Jean Servais) mais c'est précisément cet aspect du film qui est le moins intéressant. Le cinéma Français est toujours trop explicite avec ses recettes, et ce film n'est pas une exception. Il me semble que la thématique est suffisamment claire, que le titre est clairement ironique. On aurait pu se contenter, finalement, de la pas si énigmatique phrase finale, "Le bonheur n'est pas gai"...
Ces trois films montrent en effet de quelle façon tout dans la vie, le plaisir, le bonheur, la jeunesse, est éphémère et destiné un jour ou l'autre à la mort; le plaisir de danser, de tournoyer au milieu des jolies filles, qui fait qu'un homme qui se refuse à accepter d'avoir vieilli va porter un ridicule masque de jeune homme, les promesses chastes d'une belle journée de repos pour d'aimables prostituées, qui plus est sanctifié par un émouvant passage à l'église, finira tôt ou tard par dévier vers la gaudriole, parce que les hommes sont comme ça. Et le peintre qui a choisi son art, est condamné à rester pieds et poings liés à sa condition...
Le film est malgré tout complètement sous l'influence de son segment central qui totalise 45 minutes. Il est vrai que la verve de comédie qui s'y trouve, la présence d'acteurs de tout premier plan (Darrieux, Gabin, Madeleine Renaud, Héléna Manson, Pierre Brasseur, Ginette Leclerc, Louis Seigner...) et la présence d'un voyage en Normandie, qui replace Maupassant au coeur de son histoire, font beaucoup. Et comme les deux autres segments, Ophüls place sa mise en scène au coeur des décors, privilégiant des tournoiements d'acteurs dans des espaces reproduits en entier. Dans tout le film, on retrouve cet effort assez notable pour le cinéma Français de l'époque, d'une caméra mobile et de décors riches de sens: l'église où les filles de la Maison Tellier retrouvent une part de leur innocence perdue, le bal canaille où le mystérieux homme masqué s'écroule, la ferme de Jean Gabin, l'atelier du peintre avec ses verrières... Toute une vie, tout un univers.
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