/image%2F0994617%2F20220822%2Fob_0b605b_melies-apres-le-bal-star-film-128.jpg)
Une femme revient chez elle après le bal, et une domestique l'aide à se déshabiller et se baigner, le tout en une minute...
Un: il n'y a pas de nudité au sens traditionnel du terme dans ce film, qui nous montre effectivement une dame (Jehanne d'Alcy) qui se déshabille, mais elle gardera in fine un justaucorps probablement couleur chair sur elle. Un autre aspect qui reste étrange, c'est bien sûr le fait qu'au lieu de verser de l'eau sur sa maîtresse, la servante verse du sable... Peut-être est-ce afin de produire un effet graphique, rappelons que Méliès est le maître de l'illusion...
Deux: maître de l'illusion, tout est dit, finalement! Le film n'est pas salace pour les spectateurs de 2022, et n'offre donc pas de nudité aux yeux du spectateur de 1897. Mais celui-ci sait lire entre les lignes, et sait que derrière le justaucorps, on est ici proche de l'intime. D'ailleurs, qui est habituellement convoqué pour assister au déshabillage? ...en 1897, comme en 2022, ça reste quand même du domaine de l'intimité, généralement, même si le spectacle (théâtre, danse, cinéma) ne s'embarrasse plus de tabous. Donc si le film est commenté aujourd'hui comme on parlerait d'un porno, c'est que l'effet produit sur le spectateur, les garants des bonnes moeurs et fatalement la censure, en 1897, était peu ou prou le même... Mais le cinéma n'allait pas tarder à renvoyer ce timide effeuillage sous contrôle à l'arrière-garde de l'audace.