Cendrillon (Georges Méliès, 1899)

Après avoir réalisé un film imposant consacré à L'affaire Dreyfus, qui était encore en pleine actualité, Méliès va en transposer les leçons et la dynamique dans un film plus long qu'à son habitude, Dreyfus excepté: Cendrillon paraît aujourd'hui comme un vieux cliché, mais il faut se souvenir que le Cinéma était encore balbutiant. 

Le film est divisé en tableaux, même si aujourd'hui on dirait soit des scènes soit des plans: 

Cendrillon est à la maison, consignée et obligée de faire le ménage, et elle reçoit la visite de sa marraine qui procède à quelques transformations. 

Le bal, Cendrillon y apparaît, elle fait sensation, mais le temps presse. Le prince danse avec elle, et minuit sonne. Elle se retransforme, et s'enfuit, laissant sa chaussure derrière elle (une pantoufle de vair, les gens: l'orthographe, c'est important: il s'agit de velours. Vous avez déjà dansé toute la nuit avec des chaussures en verre, vous?).

Chez elle, avec ses soeurs et sa marâtre, elles reçoivent la visite du prince qui procède à des essais de chaussure, et trouve donc celle dont le pied correspond: c'est la joie!

Mariage, grande célébration... Le film se termine sur des ballets insistants et un peu forcés.

Au-delà d'une anecdote qui permettait un peu de magie, et l'utilisation de trucages comme Méliès en avait le secret, ce film est aussi un exercice dans lequel il se retrouve à nouveau à diriger des foules de figurants. Si le film fait long feu (l'intrigue se termine quasiment deux minutes avant la fin de la bobine, donc ce qui suit est du remplissage), le luxe déployé montre les ambitions de Méliès. S'il en existe des copies complètes en noir et blanc, on n'a conservé qu'un fragment en couleurs de ce film.