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Dans un manoir lugubre, une chauve souris se transforme en Méphistophélès (Méliès lui-même, dans son rôle favori), qui va d'un grand chaudron faire apparaître des créatures inquiétantes. Mais deux personnes surviennent, qui ont eu l'idée saugrenue de venir explorer le château... Ils vont devoir se défendre contre les sortilèges...
Avec ce film, Méliès passe clairement à la vitesse supérieure, et dépasse spectaculairement la simple anecdote narrative: son intrigue est structurée, avec une première partie pédagogique, qui agit presque comme un boniment, annonçant la couleur des fééries et autres bizarreries qui s'annoncent. Et après cette introduction, nous pouvons anticiper que les deux personnes extérieures qui arrivent au manoir vont vraiment devoir souffrir...
Le film est situé dans un décor unique, mais fait usage de façon systématique du truquage préféré de Méliès, qui lui permet de faire apparaître et de transformer les personnages à sa guise. On est ici plus devant un prolongement narratif du spectacle théâtral d'illusions de Méliès (qui reprend d'ailleurs la trame d'un authentique spectacle, Les spectres et le Manoir du Diable, dont le film utilise les costumes et accessoires. Reste qu'avec ce film, Méliès découvre le pouvoir onirique et inquiétant de l'illusion cinématographique. Il se saisit aussi de diverses figures qui n'auront de sens qu'en tant que raccourcis cinématographiques: le fait par exemple de se débarrasser de Méphisto, à la fin, en utilisant une croix, est une facilité narrative bien pratique, et on sait que Méliès n'était pas du tout religieux...
Pour finir, ce film a été longtemps invisible et perdu. Les copies en circulation sont issues d'une source en particulièrement mauvais état... Mais il existe bel et bien.
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