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Arthur Martin et Baia Ben Mahmoud. C'est le nom des gens qui sont en fait les principaux protagonistes du film: Arthur (Jacques Gamblin), fils d'un couple qui a passé la vie à tout enterrer: drames, émotions, sentiments... C'est que madame martin mère, née Cohen, a vécu le drame de tant d'enfants juifs rescapés: ses parents, eux, un couple de juifs grecs fraîchement immigrés en France, ont péri dans un camp de concentration. Alors les Martin ont fait comme tant de français dans les trente glorieuses, un voile sur la passé... Baia (Sara Forestier), elle, en revanche, n'a pas peur de dire les choses, même si il y a une ombre terrifiante dans son enfance. Fille d'un immigré Algérien longtemps clandestin et d'une militante de la militance (quelle que soit la cause, on se battra), elle utilise sa sexualité comme une arme de destruction de ceux qu'elle appelle les Fachos... Tous ceux qui sont à droite d'elle, et ça fait du monde! Elle couche avec eux pour les changer...
Arthur, qui a passé sa vie à adopter les méthodes de déni de ses parents, est de gauche, car il est jospiniste: en 2010, soit huit années après la débâcle de 2002 qui a vu un opportuniste vaguement de droite se faire réélire président face à un nostalgique du nazisme, écartant celui qu'Arthur considère comme l'homme politique le plus intègre, il n'a jamais abandonné sa foi en lui. Il fait un métier assez peu courant, puisqu'il est épidémiologiste animal, allant sur les plateaux télé pour alerter l'opinion aux dangers du H5N1, la grippe aviaire. Il fait aussi la tournée des oiseaux morts, et c'est lors de son passage à la télévision qu'il rencontrera la bombe Baia Ben Mahmoud, venue brièvement faire un petit boulot de standardiste. Leur rencontre est explosive, et si Baia sera peu changée par sa rencontre avec le très effacé Arthur, en revanche, celui-ci ne sera plus jamais le même après avoir fait la connaissance de l'explosive petite brune...
Le titre se justifie pleinement: pour Baia et Arthur, en effet, le nom des gens va toujours jouer un rôle dans leur vie. En l'appelant Baia, les parents de la jeune femme ont non seulement célébré un héritage, ils lui ont offert aussi une occasion de défendre son identité: car à tous ceux qui émettront l'idée que son prénom puisse être d'origine Portugaise ou Brésilienne, elle peut rétorquer qu'elle est, en fait, Algérienne. Mais Arthur n'est pas aussi bien loti derrière son prénom banal, puisqu'il n'a qu'à répondre au questionnement incessant de ceux qui croient qu'il est de la famille des cuisinistes Arthur Martin!
Et le film, entre ses deux narrateurs (le début est brillant, avec Gamblin et Forestier qui nous font revivre leur jeunesse en s'adressant directement à la caméra), nous invite à une petite promenade dans un certain pan de l'âme française, entre ses prénoms banals et ceux plus spectaculaires de ceux qui par millions, depuis la nuit des temps sont venus changer un peu notre patronymie, e beaucoup notre caractère, parce que n'écoutez pas les affreux obsédés de l'Hidentité française, tant qu'il y aura un peu d'étrangers dans le melting pot franchouillard, nous serons collectivement moins cons. Et 9a Michel Leclerc (qui a du souvent, dans sa vie, expliquer qu'il n'avait aucune relation avec la chaîne de supermarchés) et Baya Kasmi la scénariste (de Baia à Baya, il n'y a qu'un pas) l'ont sans doute non seulement compris, mais aussi vécu.
Et si le film n'est pas toujours parfait (certes, la scène du supermarché est drôle, mais est-il vraiment possible que le déshabillage intégral de Sara Forestier, distraite, qui a oublié qu'elle était nue avant de sortir de chez elle, était-il vraiment nécessaire, ou bien ne serait-ce pas plutôt un argument de vente? ...dans le doute, je vais les suivre, voir plus bas) il affiche une constante tendresse, que ce soit de Baia vers son admirable père (Zinedine Souallem) ou même à l'égard des parents coincés d'Arthur. Et à côté, les auteurs s'attaquent aux conservatismes de tout poil (les fameux fachos qu'il s'agit de "convertir" par l'orgasme) avec une belle insistance. Quoi qu'il en soit, le film est donc un beau moyen de contrer la tendance générale, en rappelant avec humour certaines vérités et en se promenant aussi dans la confusion idéologique des années 2000. Et en compagnie de l'authentique Lionel Jospin, le seul, l'unique. Et aussi, avec Arthur Martin, le seul Jospiniste.
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