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On associe tellement Freleng à la Warner, aux Merrie Melodies et à Leon Schlesinger, qu'on oublie un peu trop facilement que le graphiste/animateur/réalisateur a eu une autre vie, aussi bien avant, qu'après et que... pendant. Des débuts chez Disney, sous la direction d'Ub Iwerks, le seul et le vrai créateur de Mickey et des Silly Symphonies d'un côté, la réalisation d'un générique célèbre (The Pink Panther) ayant donné naissance à une série de dessins animés dans les années 60 et au-delà... Et au milieu, un conflit ouvert sur son salaire a poussé Freleng, en 1938, à quitter Schlensinger pour la concurrence: Fred Quimby avait été désigné pour lancer un département d'animation propre à la MGM. La première tentative a été une série de courts métrages adaptés de la bande dessinée The Katzenjammer Kids, connue ici sous le titre ridicule de Pim, Pam, Poum. En 1938, au moment de la montée des périls, la série animée s'est donc appelée The captain and the kids... Ce film est le premier de Freleng pour cette série.
On y trouve donc un personnage, un seul, aux prises avec des éléments naturels: le Capitaine est aussi un jardinier responsable, qui souhaite empêcher la volaille de manger ses salades. Il va donc s'employer à tout faire pour protéger sa verdure, et va provoquer une catastrophe.
On est en plein Disney, finalement: un personnage livré à une situation qui le dépasse, impliquant la nature et/ou les animaux... Ici, ce sont des poules, des poussins et un coq vindicatif qui vont s'avérer une menace pour le capitaine colérique: celui-ci est un personnage d'irascible bougon doté d'une mission, aussi absurde soit-elle, ce qui sied bien à Freleng, qui adorait ce type de caractère, au point de se projeter dedans! Mais à partir de cette situation "disneyienne" de menace du quotidien, le genre de choses qui peut idéalement arriver à un Mickey ou un Donald, par exemple, Freleng utilise une autre partition, quasi muette, ou en tout cas sans abondance de dialogues, et il repose sur un slapstick impeccable.
Son meilleur atout, outre une animation de belle facture, c'est bien sûr la bande-son. Freleng a toujours poussé l'utilisation dramatique de la musique, et sa faculté à générer des contre-points, d'une façon magistrale. Ici, il est à la fête dans cette confrontation entre un humain et une bande de poulets sauvages! Et dans une séquence, il va plus loin, substituant le son à l'image pour aller à l'économie et obtenir un effet très clair: quand le capitaine provoque la destruction de la palissade qui empêche les poules de venir manger ses salades, c'est le son (des notes uniques qui montent vers l'aigu) qui nous renseigne que l'une après l'autre, les planches tombent...