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C'est l'anniversaire d'Antoine (Albert Dupontel): il a 42 ans, est publicitaire, marié, père de famille... et manifestement ne tourne pas rond: il fait un scandale pendant une séance de pitch à son agence, et après avoir été odieux avec un marchand de yaourt qui fait la fine bouche devant tout ce que l'agence propose, il laisse tout en plan et annonce à son partenaire qu'il lui vend ses parts... Il déjeune avec une belle jeune femme, et il est clair qu'ils ont un petit secret tous les deux. Une amie de Cécile, l'épouse d'Antoine, les voit...
Le soir, après avoir été absolument abominable avec sa belle-mère, il rentre chez lui où Cécile lui fait une scène monumentale, avant de lui annoncer que le lendemain, il y aura une petite fête-surprise pour son anniversaire: il s'y déchaîne, décochant flèche après flèche, méchanceté sur méchanceté, envers ses amis. Même ses enfants ne s'en sortent pas indemnes... Puis il disparaît, file vers Cherbourg et prend le ferry pour l'Irlande, afin de régler ses comptes avec son père absent...
Au départ, on se dirige vers une comédie méchante, aigre, violente et profondément satirique, avec un personnage qui d'un côté ne tourne pas rond, clairement, et de l'autre ne rate aucune occasion d'être franc... De la franchise qui laisse par terre! Mais on sent très vite qu'il y a quelque chose, en effet, qui ne va pas: ainsi, ses dénégations par rapport au soupçon d'adultère (la colère de Cécile, en réalité, paraît totalement justifiée) ont des accents de sincérité. Et son comportement avec ses amis est tellement direct qu'on se demande bien ce qui pourrait le pousser à nier!
Mais le film est du début, presque jusqu'à la fin, un trompe-l'oeil, le récit d'une stratégie calculée d'un sacrifice. Je ne dévoile pas, mais honnêtement, on s'en doute assez vite. Ce qui n'enlève rien au film, qui en 84 minutes ne sous laisse pas le temps de respirer, et est structuré comme il sied aux films de Jean Becker par des éclairs de bonne vie, pour ceux qui aiment (le vin, par exemple, il y a des gens qui aiment, pour un fois je ne vais pas en dégoûter les autres!), avec la pêche, la nourriture qui tient parfois lieu d'unique lien de tendresse entre deux personnes qui ne parviennent pas à se parler...
Et surtout, il y a un acteur exceptionnel, qui tient tout le film avec sa pudeur, son air mystérieux, qui cache un immense tendre derrière un masque de salaud, en jouant constamment sur des transgressions assumées: on arrive à aimer Dupontel, y compris quand il est grinçant avec ses enfants, quand il est odieux avec sa belle-mère (il faut dire que...), ou encore dans une cave, avec une amie qu'il traite comme une moins que rien...
Mais derrière l'intrigue qui file vers une révélation à la fin du film, se cache aussi l'histoire d'un homme qui tout à coup peut s'affranchir des codes sociaux, peut dire leur fait aux amis, aux parents, à son épouse, et peut enfin se permettre de dire tout le mal qu'il pense du yaourt qu'il est supposé vendre. Quel que soit la fin, ça fait aussi du bien, non? C'est le paradoxe de ce film à la fois sensible, et méchant, aigre, violent et profondément satirique!
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