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Le petit Jackie Rabinowitz se fâche avec son père (Warner Oland), qui lui reproche de gâcher sa jeune voix en chantant du rag-time et du jazz; il faut dire qu'il est hazzan dans le ghetto, c'est-à-dire cantor ou chanteur à l'office religieux, et en tant que tel, très respecté... et très rigoureux sur les traditions! Après une bonne correction, le jeune garçon s'enfuit avec la complicité de sa mère (Eugenie Besserer)... Devenu adulte (Al Jolson), il chante et obtient un grand succès sous le nom de Jack Robin. Se réconciliera-t-il avec ses parents et sa culture?
Commençons par une mise au point: venant des Etats-Unis, le pays de Donald Trump et de Walt Disney, ce film qui a sauvé la Warner en 1927 a la réputation d'être le premier film parlant, et d'avoir inauguré la vogue de ce qu'on appellerait les Talkies, en opposition aux Movies, à savoir un cinéma populaire et 100% parlant et sonore... Sauf que The jazz singer n'est pas un film parlant, mais un film dans lequel on a utilisé la bande son pour des chansons synchronisées (environ une demi-heure du film y est consacrée), et de courts dialogues qui bout à bout n'excèdent pas 3 minutes... Le reste? Du cinéma muet: tourné sans besoin sonore et agrémenté ensuite au cours du montage, d'intertitres et de musique en boîte, la vocation première des productions Vitaphone étant de fournir aux cinémas des films avec de l'image ET une bande-son, permettant aux exploitants de se passer de la présence d'un orchestre. Le fait que ces trois minutes aient décidé de la suite des événements et poussé le public à en vouloir plus, n'empêche pas que ces quelques minutes de borborygmes en font, au mieux, un film hybride, à mi-chemin entre le muet (qui avait encore quelques beau jours devant lui) et le parlant (qui ne deviendrait majoritaire qu'en fin 1929)...
Sinon, le film est un mélodrame de facture assez classique, qui tient bien la route quand il n'est pas dominé par le chant de Jolson, ce dernier étant si vous voulez mon avis un abominable cabotin bien plus quand il chante du "jazz" (je mets les guillemets parce que je crois que je connais le jazz, et cette musique là n'en est absolument pas) que quand il joue... L'un des intérêts du film est de mettre en avant la culture Juive, ce que peu de films faisaient à l'époque des grands studios, dont les patrons, souvent des juifs fraîchement naturalisés, souhaitaient se fondre dans la masse. Mais le conflit du film, déguisé en un tragique combat entre père et fils, est bien le dilemme d'un homme entre son assimilation par le milieu du spectacle, et la tradition de s communauté. Un sujet là encore peu présent à cette époque, en particulier dans le cinéma Américain! Et Crosland, qui a bien mesuré l'enjeu du film, a pris la décision de planter ses caméras et ses acteurs dans les quartiers Juifs de New York, pour une poignée de scènes, avant de rentrer en Californie...
Quant à juger la performance sonore, on peut quand même dire que le système Vitaphone sur disques est assez efficace. Dommage qu'il ait fallu commencer par mettre en valeur la voix de Jolson, et ses chansons, qui sont toutes plus ou moins insupportables quand il les chante...
Et tout ça sans aucun mot sur le maquillage...
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