Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
  • Contact

Recherche

Catégories

15 janvier 2023 7 15 /01 /janvier /2023 08:26

Le quatrième roman de la série des Harry Potter est celui du milieu, au centre d'un mouvement depuis l'enfance vers l'adolescence. Le moment où un adolescent plonge dans le conflit, la paranoïa, et souvent la rébellion. Un élément que n'ont pas manqué d'observer les gens qui ont travaillé en amont sur la confection de ce film... C'est qu'en 2005, la troupe qui produisait et (jusqu'alors du moins) sortait un film par an se trouve devant une situation inattendue: on n'est plus en structure d'adaptation stricte, puisque si le films prennent du temps à se monter, les romans eux aussi demandent une longue préparation à J. K. Rowling. 

Si on en vient, pourtant, à espérer que les adaptations se démarquent des romans adaptés, par contre, on en sera pour ses frais: le dernier mot n'est pas encore officiellement à l'auteur, mais on sent bien que Rowling et son univers sont ici fidèlement transposés. C'est juste que contrairement aux trois premiers films, les adaptateurs ont commencé à travailler sur les concepts d'un roman en cours d'achèvement, qu'évidemment ils n'avaient pas encore lu. Mais le résultat, je le disais, est très fidèle: donc, en plus de grandir, de découvrir toujours un peu plus le monde hallucinant de la magie, Harry et ses copains vont devoir commencer à gérer leur émotions, la naissance de l'amour, leurs hormones, tout en découvrant que le mal rode et s'installe. Le tout sur fond d'une compétition délirante, qui prend d'ailleurs toute la place en même temps qu'une position privilégiée dans le titre: la coupe de feu est le moyen magique de déterminer quels sont les candidats des trois écoles de magie qui vont s'affronter dans trois épreuves dangereuses, qui mettront leur vie en péril. L'occasion, d'ailleurs, est trop belle pour poser la question: pourquoi, et qui en a donc décidé ainsi? Qui a créé cette épreuve, t qui a décrété que les participants y risqueraient leur vie? Autant de questions qu'il est inutile de poser, d'une part parce qu'elles empêcheraient ainsi le bon déroulement de l'intrigue, mais surtout parce qu'elle participent de l'élément indispensable qu'est l'arbitraire dans Harry Potter. 

Le roman, très long, donne déjà l'impression qu'on met un peu de côté la partie scolaire de ce qui se passe à Hogwarts. Le film jette pratiquement tout, à l'exception d'une séance de défense contre les arts de la mort qui tue (je ne sais plus quelle est l'expression en français) permettant, comme d'habitude, de faire la connaissance d'un professeur qui ne restera qu'un an, et une courte séquence d'ailleurs très drôle où Severus Snape évolue en cours de potion parmi ses élèves qui papotent, en se focalisant sur Harry et Ron... Pour le reste, comme dans les universités Américaines vues dans les séries, on se concentre ici sur le sport et la compétition: le quidditch, d'abord, qui donne lieu à une fort belle séquence située au début, qui établit l'idée principale du roman, et du film: derrière tout plaisir, toute occasion, qu'elle soit sociale, familiale, scolaire ou autre, il y aura du danger et un rappel que la vie est fragile, et que le monde est cruel. Le film tend à tout survoler d'un roman très long, et ici c'est un plaisir, car le quidditch, c'est comme tous les sports de masse, ça ressemble toujours un peu à un congrès nazi à Nuremberg! Donc moins on en voit, mieux on se porte...

Puisqu'on en parle, le film comme le roman sont très proches sur un point, qui va devenir une règle absolue, et qui plombe absolument tous les films qui suivront, comme elle alourdit les romans, d'ailleurs: chaque personnage tombe dans une case, et tout en devient binaire. Même si le doute reste permis (Viktor Krum, le compétiteur Bulgare, ressemble physiquement à un lutteur qui pratiquerait la boucherie à ses heures perdues, et pourtant il a l'air d'un brave gars, juste un peu bas du front), c'est irritant de voir dans le film que les cases sont toutes cochées dans l'ordre, et que chacun est soit un gentil, soit un méchant. Pour reconnaître un méchant, c'est simple: attitude de psychopathe, diction empruntée et hautaine, et regard torve... Donc quand le grand méchant Loup Voldemort revient, on assiste à une séquence de name-dropping du plus grand lourdingue: "ah, mes fidèles compagnons, Crabbe, Goyle, toi aussi, Lucius Malfoy!" Donc il st programmé aussi que ce brave jeune homme, gendre parfait présenté au début, Cedric Diggory (Roert Pattinson) sera nécessairement l'un des compétiteurs... 

Mais le film, surtout, réussit à faire la part belle au spectaculaire, sans oublier de continuer à creuser ses personnages: Harry, Hermione et Ron surtout, sans oublier de donner un peu de temps visible à Neville, toujours aussi touchant; Brendan Gleeson compose un vétéran complètement frappé, qui est un festival de magie bricolo à lui tout seul, et on limite au maximum les nouveaux personnages pour se consacrer à l'intrigue, en respectant le cahier des charges: c'est drôle, enjoué, merveilleux, et ça e va pas le rester, car cette Coupe de feu est l'épisode durant lequel le monde change, comme Harry, Ron, et Hermione, tellement qu'il en devient invivable. ...Bienvenue dans les prémices de l'âge adulte, vous verrez, ça devient pire en vieillissant.

Et donc pour finir, j'en viens à l'intrigue autour de Voldemort, ici interprété (enfin) par Ralph Fiennes... J'aimais bien que ce personnage mythique soit privé de vraie manifestation physique, qu'il soit comme une émanation d'un corps (dans le premier tome), ou d'un souvenir (le deuxième tome), et qu'il vive, en quelque sorte, comme un criminel insaisissable, derrière ses lieutenants... Un mélange entre le diable, Keyzer Söze et Oussama Ben Laden, en quelque sorte! C'était pertinent, car on sait tous, aujourd'hui, que ces idées du mal, et ces tentations politiques de la dictature, de l'intolérance, etc, sont diffusées dans la société: virez un Orban, un Trump, un Bolsonaro, et il y en a aura bientôt un autre pour relever le gant. Mais ici, Voldemort renaît, et si Fiennes est excellent, le personnage devient un méchant de carnaval de plus. Dès le film suivant, d'ailleurs, ces braves gens vont devenir une troupe de maniaques (au regard torve) qui pète un plomb dès qu'on leur dit "Harry Potter" à l'oreille, et ça ne va pas améliorer les choses, la mécanique bien huilée des romans finissant par prendre le pas sur l'imagination cinématographique. 

Et sinon, il y a des dragons, et Jonny Greenwood à la guitare, mais il ne faut pas cligner de l'oeil à ce moment là...

 

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Mike Newell Harry Potter