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Mme Pied manifeste un inquiétant désir d'indépendance: elle souhaite sortir sans M. Pied, qui lui se refuse avec véhémence à accepter le postulat sans négocier. La voilà partie (pour aller faire un tour aux "Galeries Nébuleuses", nous dit-on), suivie de son mari, et dans l'agitation due à la nervosité des participants de la poursuite, le chaos s'ensuit...
C'est normal, après tout, ce constat de chaos, puisque la raison d'être des films de Durand, c'est précisément de montrer de quelle façon il se déclenche... Quand vous passez dans une rue, le plus souvent rien n'arrive... Dans un film de Jean Durand, la moindre interaction d'un personnage avec le décor débouche sur une catastrophe: un étal qui tombe, avec tout ce qui s'y trouve, un échafaudage qui ne tient plus debout, tous les meubles qui rendent l'âme... C'est profondément idiot, mais après tout c'est le but de l'opération...
Pourquoi, maintenant, avons-nous droit ici à un cas de travestissement, puisque si Lucien Bataille interprète M. Pied, c'est à Ernest Bourbon, le célèbre Onésime, que revient le redoutable honneur d'interpréter son épouse? Il eut y avoir plusieurs raisons, comme des nécessités acrobatiques, une envie pour Durand de protéger son épouse, l'actrice Berthe Dagmar pourtant rompue aux dures réalités physiques du cirque, un refus catégorique de celle-ci qui n'avait pas le caractère facile, ou même une envie de faire rire un peu plus en mettant une vedette reconnaissable dans le rôle... ou tout simplement, Bourbon, avait-il envie de le faire.
Quoi qu'il en soit, c'est plus que fonctionnel, ça ajoute au loufoque de la situation... Tout comme le fait que le film commence dans un intérieur bourgeois qu'on imagine Parisien, avant de se déplacer dans un décor qui là encore nous donne l'impression d'être une rue commerçante Parisienne... Mais dans la poursuite, M. et Mme Pied empruntent un train au milieu de zones humides, que les spectateurs des westerns Camarguais de M. Durand connaissent bien, et se lancent même dans une poursuite maritime... Bref, faisons feu de tout bois, du moment qu'on rigole... C'est, je pense, la devise de l'unité rigolote des tournages de Jean Durand.