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13 février 2023 1 13 /02 /février /2023 09:32

Le col de Montgenèvre, dans le département des Hautes-Alpes, est situé à la frontière entre l'Italie et la France; c'est le lieu de passage de nombreuses personnes, qui ont fui leur destin pour tenter leur chance en Europe du Nord... C'est aussi, depuis quelques années, le théâtre d'un étrange conflit entre migrants, forces de l'ordre, citoyens concernés qui souhaitent aider ceux qui n'ont plus rien à perdre, et militants de mouvements qu'on avait cru voir disparaître, sûrs de leur bon droit, et absolument certains que leurs agissements (traque de migrants, et dénonciations musclée à la police locale) sont justes. Par-dessus le marché, comme le proclame un graffiti situé sur le versant Italien, à deux pas de la frontière: Il confine ucciso, la frontière a tué...

Le film refuse systématiquement le spectaculaire, et l'emploi d'images choc des arrestations, ou des sales petites ordures d'identitaires qui sont tellement fiers d'avoir recréé l'esprit des milices pétainistes sous le prétexte de venir en aide à la police et à la loi. Sarah Léonor privilégie en permanence une vision neutre des lieux de l'action en rappelant, par le truchement de voix off omniprésentes, que dans ces merveilleux coins de montagne, des gens se cachent, et parfois des gens meurent. Il est souvent fait allusion à Blessing, une migrante Nigérienne qui a été retrouvée dans la Durance...

C'est donc très austère, et un parti-pris qui rend le film très exigeant vis-à-vis de ses spectateurs. Une autre caractéristique du récit, est qu'il passe comme je le disais par des voix off qui sont pour la plupart interprétées à partir de témoignages, ceux de personnes locales qui ont aidé ponctuellement et se sont trouvées en butte avec la police locale, mais aussi d'un de ces petits blondinets qui nous explique "Je suis militant identitaire", comme si ça devait tout excuser. Des extraits d'un film de Pietro Germi nous rappelle que les lieu ont toujours été un endroit de passage mais à une époque, c'était glorifié par le cinéma. Enfin, un chapitre nous éclaire sur le passé encore plus lointain, à travers l'expérience d'un officier de police, qui a aidé justement des gens à passer, par simple humanité car ces gens qui n'ont plus rien risquent leur vie.

Le film, qui se clôt sur l'incertitude d'Eunice, une femme d'origine Africaine qui est passée avec son fils, et attend la suite de sa vie, nous aura aussi rappelé que la loi (française comme européenne) ne dit absolument pas qu'il faille empêcher quiconque de passer, mais bien que toute personne qui passe la frontière et qui manifeste son désir de droit d'asile, doit être accompagnée, escortée et qu'on doit lui permettre d'effectuer sa demande en de bonnes conditions. 

Donc, la police qui traque les migrants, et qui parfois les houspille, les salauds de miliciens qui les dénoncent, sont sous le coup de la loi, théoriquement. Comme quoi même devant un film beaucoup trop austère, on apprend des choses...

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Published by François Massarelli - dans Documentaire