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Le professeur Illington, hélléniste distingué, a appelé sa fille Damophilia, ce qui n'est pas un prénom très facile à porter, c'est la raison qu'elle invoque pour se faire surnommer Phil... Et Phil est un vrai garçon manqué. Ce qui scandalise d'ailleurs l'entourage, en particulier un couple de vieux notables rigoristes. Quand le professeur Illington décède, ces braves gens sont désignés tuteurs... Mais Phil qui n'entend pas subir leur méthodes éducatives, s'enfuit déguisée en homme. Elle rencontre alors un autre professeur de Grec, qui est revenu de tout et en particulier des femmes: ils sympathisent, et «Phil» prétend avoir une sœur jumelle qui pourrait devenir l'assistante du professeur...
C'est un film étonnant, d'abord par la façon qu'il a de poser les jalons de plusieurs genres et de passer sans effort de l'un à l'autre: à la comédie, il emprunte l'intrigue sentimentale entre deux personnes, dont l'un reste à conquérir, et un certain penchant pour la caricature, sans parler de la réjouissante différence entre les deux humeurs des personnages principaux... Au mélodrame, on part ici d'une situation dramatique, quand Phil perd son père, et écope de deux tuteurs infects! Et une intrigue secondaire fait intervenir quelques clichés du genre aussi...
Et puis tout le film tient par la grâce d'Evelyn Greeley, qui interprète le rôle de Damophilia, véritable électron libre dans une société qui ne peut que se méfier de sa liberté de penser. Le personnage ose défier l'ordre établi (une scène la voit défendre fièrement le costume dans lequel elle danse, typique de la danse progressive de l'époque autour de Ruth St-Denis), et les bien-pensants un poil trop hypocrites, et surtout n'a aucun complexe à se déguiser en homme. C'est d'ailleurs en se déguisant en homme qu'elle trouvera l'âme sœur, un professeur devenu méfiant à l'égard des femmes... Tiens tiens...