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19 mars 2023 7 19 /03 /mars /2023 09:55

Le capitaine Wilder (John Wayne) travaillait sur les ports Chinois, principalement à Hong Kong, lorsque les Communistes ont pris la Chine... Depuis, il est en prison, où il tient le coup grâce à une amie imaginaire, une femme qu'il appelle Baby et avec laquelle il dialogue en permanence. Quand le film commence, il est en plein plan d'évasion: retenu depuis plusieurs années, il a décidé de suivre les conseils de mystérieux amis qui l'ont fait prévenir qu'ils avaient lancé une opération pour le sortir de sa geôle... Il sort et rejoint le mystérieux groupe de "résistants", les habitants d'un village qui se rebellent contre le nouveau pouvoir en place, et la fille (Lauren Bacall) d'un médecin Américain en disgrâce avec le nouveau pouvoir...

John Wayne et Lauren Bacall: on pourrait s'arrêter là, tellement l'attelage parait improbable, ce qui n'est pas un commentaire sur les capacités de l'un ou de l'autre, juste un constat d'évidence: ces deux-là, deux mythes, deux monstres sacrés, ne vont pas bien ensemble... Pourtnat tous deux amis proches de Howard Hawks, mais voilà, probablement étaient-ils suffisamment ennemis politiquement parlant, pour ne pas pouvoir trop passer de temps ensemble. Et si Wayne (producteur du film pour sa compagnie Batjac) a toujours apprécié de travailler aussi bien avec des partenaires qui sont des femmes fortes, et avec des gens qui ne partageaient pas ses idées conservatrices, extrêmes voire indignes (ce qui n'est pas le sujet), ici, le fossé entre eux a du être infranchissable... Et ça se voit, ou du moins ça se sent. Aucune tendresse, aucune alchimie entre eux. Quand elle lui avoue ses sentiments, elle jette la réplique comme si c'était pour s'en débarrasser. Impossible, ne serait-ce que d'imaginer que le personnage, tout à ses conversations avec "Baby" (une idée qui prend mille fois trop de place, mais j'y reviendrai), pense un tant soit peu à cette jeune femme qui l'a fait libérer...

Pour le reste, c'est de l'aventure, avec un enjeu qui sied à ce genre de film: un capitaine un peu trop bourru se voit dans l'obligation morale d'aider un groupe de villageois victimes des abus des communistes à s'enfuir par le détroit de Formose (c'est "l'allée sanglante", 450 kilomètres, du titre), et se prend d'affection pour ces gens au fur et à mesure du déroulement complexe de sa mission... Une intrigue qui peut nous fédérer le temps de deu petites heures, mais dont les pauses justement (les tentatives de comédie, d'un style très habituel à ce à quoi Wayne nous a habitués) sont autant de moment navrants et parfois à la limite de la stupidité... Wayne, producteur, avant engagé Wellman pour lui affirmer son approbation après trois films (Island in the sky, The high and mighty, Track of the cat) qu'ils avaient faits ensemble, lui laissera signer le film, mais il est évident ici qu'il a pris les commandes, voire très probablement assumé une partie de la mise en scène. Il en reste quelques beautés: Wellman s'est intéressé à l'esthétique du Cinemascope, et son aventure maritime, qui reproduit les mers de Chine en Californie du Nord, ne manque pas de cachet; comme à son habitude, le metteur en scène choisit de surprendre (on commence le film par l'incendie d'un matelas dans la cellule de John Wayne, à demi-fou!) ou de frustrer (l'exécution sommaire d'un violeur, située à la fois dans le champ et hors champ, il fallait le faire, mais avec une baïonnette, on peut) son spectateur. Il en reste aussi un anticommunisme assumé, violent, sans doute justifiable d'un point de vue Chinois, chez des gens qui se sont vus dépossédés de tout. Un peu moins quand même pour des Américains... Et surtout, c'est quoi le communisme? Le film, en tout cas, nous dit que c'est mal... Très mal même. Mais on n'en saura pas plus...

Bref: le communisme est un prétexte bien pratique pour motiver les bourre-pifs.

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Published by François Massarelli - dans William Wellman John Wayne