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Chinatown, 1925... Un élégant monsieur en haut-de-forme (Raymond Griffith) se retrouve dans un cabaret où l'on plume allègrement tous les bourgeois qui vienent s'encanailler. Le petit personnel, dont la belle Molly (Betty Compson) tente de lui faire le grand jeu, mais il se révèle être un policier intraitable, dont l'adjoint réussit à négocier en douce une solide contribution financière des bandits pour les laisser s'enfuir.
...Sauf que ce policier et son adjoint ne sont eux aussi que des escrocs, et la chasse au faisan, comme auraient dit Audiard et Blier, est ouverte; Molly aussi bien que The Dude from Duluth, le gandin, vont essayer de se saisir d'un collier un peu trop exhibé par un richissime homme âgé qui marie sa fille, et le feront d'abord en concurrence avant de s'allier...
C'est un film, hélas, incomplet la dernière bobine n'ayant à l'heure actuelle pas encore été localisée, etselon toutes vraisemblances, il me paraît difficile d'espérer. Mais si la résolution manque, ce qu'on a est vraiment impressionnant, le film étant d'un genre de comédie plutôt sophistiqué, sous la direction experte de Clarence Badger qui avait pourtant été, chez Sennett, à l'école du burlesque. Il est vrai aussi que les films qu'il y tournait étaient quand même le haut du panier de l'usine à gags (voir à ce sujet l'excellent Teddy at the throttle, dans lequel déjà Wallace Beery est plus ou moins un escroc mondain potentiel...).
Les ressorts de la comédie ici sont non seulement une situation de base qui est entièrement basée sur la manipulation et le mensonge, d'une part, la crédulité des pigeons d'autre part!, mais aussi un décalage justement entre la classe évidente du personnage principal, et les situations loufoques dans lesquelles son "métier" va le placer. Une sorte d'héritage d'un Max Linder, auquel la mise de Griffith fait immanquablement penser. Pas de loufoquerie non plus dans la mise en scène sûre et constamment élégante de Badger, et on aura en prime le plaisir de retrouver le grand Edgar Kennedy, un vétéran de la comédie, qui allait bientôt devenir une victime récurrente de Laurel et Hardy.