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26 octobre 2023 4 26 /10 /octobre /2023 21:35

En Hongrie, dans un petit cirque, une troupe de gitans se livre à un numéro bien huilé: une jeune femme, Zara (Aileen Pringle), réussit à faire croire à la foule, en plein jour, qu'elle convoque des esprits... Un Américain (Conway Tearle) présent dans le public s'intéresse à eux et décide de les ramenr avec lui pour une escroquerie de haut niveau: prétendre que Zara est médium et qu'elle peut permettre à de riches clients de communiquer avec leurs défunts... Et tant qu'à faire, s'ils amènent leurs bijoux, il y a moyen de s'en charger aussi!

Ceci est l'un des films les plus méconnus de Browning, qui pourtant est lié à son courant le plus connu, ses films situés autour du cirque, ou du carnaval. Cette escroquerie élaborée mais totalement incroyable au sens strict du terme, nous en rappellera d'autres: les criminel(le)s repentis ou non de The wicked darling et The exquisite thief (1919), Outside the law (1920), The White tiger (1923), Drifting (1923), ou The unholy three (1925) pour s'entenir aux films tournés avant celui-ci...

Derrière cet intérêt pour les malfaiteurs organisés et imaginatifs, se cachent plusieurs aspects de son oeuvre, on hésite à écrire "de sa vie" car on n'est pas sûr que les légendes qu'il a lui-même colportées avec application soient vraies, et qui n'en sont jamais parties: le fait de baser une vie entière sur le mensonge, par exemple, comme Alonzo (The unknown); le goût pour le mise en scène, qu'elle soit sur un tréteau ou dans la vie d'un bandit (The unholy three); et puis une véritable fascination pour les trucs qui servent à duper le public (comme le dit un de ses personnages en mourant, dans The blackbird: I'm fooling them): on verra ainside quelle manière on fait croire tout et son contraire au piblic dans The show, mais aussi dans The mark of the vampire, ou dans Miracles for sale, qui mettra en colère une armée de prestidigitateurs en révélant des trucs de la profession! Toute une conception de la vie dans ces obsessions, qui renvoient à toute une profession, qui n'est pas vraiment éloignée de celle du cinéma...

Et ici, le truc qui repose autant sinon plus sur la crédulité des clients, que sur de véritables techniques, reste quand même l'un des plus élaborés, et improbables de son oeuvre. A des morceaux d'explication, telle l'utilisation savante de l'ombre et de la lumière, Browning ajoute des trucs cinématographiques, des mattes, du flou, des surimpressions... C'est sans doute l'un des plus techniques de ses films, et l'un des plus intéressants tant cette fois aucun personnane ne renvoie à ce qu'aurait pu en faire Lon Chaney!

Et ce qui reste, c'est que cette fois, les bandits resteront sans doute des bandits. On voit en effet une escroquerie élaborée, dans laquelle une troupe de voleurs prennent vraiment les gens pour des imbéciles pour mieux leur soutirer de l'argent, et le tout est vu de leur point de vue... Les acteurs sont largement oubliés, voire des seconds couteaux, mais ils sont convaincants et prenant, menés par Aileen Pringle, une actrice énergique qui nous rappelle un peu Priscilla Dean. Bref plus qu'une rareté, c'est un film qui devrait être à la tête du canon de Tod Browning. Dommage qu'il soit resté si méconnu...

 

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Published by François Massarelli - dans 1925 Muet Tod Browning **