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Le nouveau film de Yorgos Lanthimos est une adaptation d'un roman d'Alasdair Gray. Mais ne nous y trompons pas: même s'il s'agit de l'adaptation d'une autre oeuvre, on voit facilement ce qui a attiré l'auteur de The Lobster, de Dogtooth, de The favourite... Derrière ce monde recréé, c'est bien de son univers singulier qu'il s'agit...
Un univers parallèle et fantastique, pas trop éloigné de Frankenstein, mais avec un Prométhée en bien mauvais état: Godwin Baxter (Willem Dafoe) est un chirurgien de génie, abimé par la vie (et par un passé familial qui se devine en filigrane), qui a fait de l'observation des possibles du vivant, le coeur de son art. Chez lui, on croise des animaux croisés, une chèvre à tête de canard et un coq à tête de bouledogue... Ses étudiants le détestent sans aucune cordialité, sauf Max McCandles (Ramy Youssef) qui peine à cacher son admiration. Godwin (qui se fait facilement surnommer God, bien sûr) l'engage pour une tâche inattendue: mesurer les progrès d'une jeune femme que God présente comme une opérée du cerveau, Bella (Emma Stone)...
Un univers sombre: Bella n'est pas une jeune femme opérée du cerveau, mais une suicidée mystérieuse, que Godwin Baxter a recueillie juste après son trépas, alors qu'elle était enceinte... Il l'a sauvée, mais a surtout trouvé le moyen, avec les deux cadavres qu'il avait sur les bras, de ne faire qu'une personne dans un acte de défiance à l'éthique... Bella, quoi qu'il en soit, est une femme-enfant dont Max doit apprendre à mesurer les progrès tout en s'adaptant à son incroyable excentricité... Et ça se complique drôlement quand le jeune femme découvre sa sexualité.
Sans aucun frein...
Un univers de transgression tous azimuths, ce qui ne surprendra sans doute que ceux qui ne sont pas familiers de l'oeuvre du metteur en scène, de son ironie créative, et de ses penchants pour l'observation de l'apprentissage (Voir Dogtooth à ce sujet!), ou de la rencontre fructueuse entre la répression (le film se situe dans une sorte de monde parallèle, mais dont la toile de fond reste quand même par bien des aspects la société victorienne...). Nous suivons donc ici les aventures d'une jeune personne qui apprend et qui apprend vite, parfois sous la férule d'un tuteur auto-désigné (Mark Ruffalo) qui croit pouvoir dominer la jeune femme, mais s'en mordra vite les doigts. Et guidée par son instinct, Bella apprendra à exprimer sa sexualité, découvrira la cruauté du monde, le socialisme, la prostitution...
Clairement, la façon dont Emma Stone domine le film est impressionnante. c'est un rôle physique, atypique, qui impose un don de soi qui est absolu. Elle y est magistrale de bout en bout, avec une énergie confondante, un humour ravageur, et sans aucun frein apparent... Un monstre de Frankenstein souvent assez punk, d'ailleurs. Mais le film ofre au-delà du monstre les conditions de la confection d'un personnage de Candide totalement inédit. Contrairement aux enfants enfermés de Dogtooth, Bella suit ses envies, et Godwin se réjouira finalement de l'avoir laissée explorer toutes ses possibilités. Il en ressort, sous des dehors de films gentiment absurde, et tout une panoplie de merveilles visuelles (le monde parallèle, d'abord en noir et blanc, puis en couleurs avec l'apprentissage de la liberté, de Bella) une ode à la différence, à la liberté aussi, qui a le bon goût de ne pas se terminer mal, et en prime possède sa propre morale... C'est un grand film.
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